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des divinités du premier ordre est enseignée aussi dans d’autres religions, et notamment dans celle des brahmanes.

Les églises catholique et grecque ont placé de plus une déesse dans le ciel, de sorte que cela forme toute une famille. Vient ensuite une foule innombrable de divinités subalternes. Qu’on ne dise pas : C’est très-différent, des saints et des dieux. — Des êtres auxquels on adresse des prières et porte des offrandes, dont on espère des secours surnaturels, même au-delà de cette vie, sont évidemment des divinités dans le sens des anciens.

En général, tout polythéisme recèle le monothéisme dans son sein, seulement oblitéré par la superstition du vulgaire. Mais il l’est également dans les Églises romaine et grecque.

Convenons donc que cette opposition entre chrétiens et païens est nulle, et fondée uniquement sur l’ignorance des autres religions. Imitons le grand Acbar et son ministre Aboulfazel. Ils étaient mahométans et, par conséquent, stricts unitaires. Néanmoins Aboulfazel, par ordre de son maître, inséra dans sa description du grand empire, une apologie de la religion des Hindous. « Quelque étranges, dit-il, que doivent nous paraître les formes de leur culte, en examinant à fond, on voit pourtant qu’ils adorent un seul Être suprême, de même que nous. »

49.

Toutes les vérités ne sont pas de nature à être divulguées, et la division ancienne de la science en exotérique et ésotérique se maintiendra toujours.

Je vois déjà les zélateurs d’une égalité chimérique, monomanie de notre siècle, se révolter à la seule idée