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tion : c’est comme l’ombre rembrunie d’un bois touffu, consacré à quelque divinité. Mais il en est tout autrement, lorsque les hérauts d’une nouvelle révélation, par la nature de leur public, sont forcés de mettre de côté leur langue maternelle, et d’employer une autre langue, savamment cultivée par une littérature qu’ils ne connaissent point. L’idiotisme étranger, pour ne pas dire le barbarisme, qu’ils ne sauraient éviter, doit repousser des lecteurs habitués aux beaux modèles du style. Tel est le grec hébraïsant du Nouveau-Testament. L’empereur Julien, qui écrivait le grec avec une élégance recherchée, en fut rebuté. « Les chrétiens, dit-il, répètent sans cesse ce seul mot : la Foi ! la Foi ! Nous avons pour nous la raison et l’hellénisme classique. »

43.

Les Grecs pouvaient proposer aux apôtres le dilemme suivant : « Si votre maître a aboli la loi de Moïse, pourquoi nous apportez-vous le Vieux-Testament ? et s’il l’a confirmée, pourquoi êtes-vous sortis du judaïsme ? » — Remarquez que, dans la première époque, il n’existait point encore de Nouveau— Testament.

44.

Les rois de Sparte étaient des Héraclides. Un célèbre rhéteur d’Athènes, saisissant cet à-propos, offrit à l’ambassadeur de Lacédémone de lui réciter l’éloge d’Hercule. — « Qui le blâme ? » répondit le Spartiate. — Personne, j’espère, ne blâme Dieu. Cessez donc enfin de le louer, prédicateurs ennuyeux ! Croyez-vous valoir un orateur attique en fait de goût et de talent ? — Mais non ; parlez toujours ! Il n’y