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28.

S’il me fallait définir en deux, mots mon système ou plutôt ma manière de voir, je dirais que je suis supranaturaliste de la religion primitive, dite communément naturelle, et naturaliste des religions annoncées comme révélées.

29.

L’incrédulité du dix-huitième siècle était bavarde ; celle de notre temps est le secret de la comédie. Il y a de l’hypocrisie là-dedans ; le cynisme de la génération précédente avait, au moins, de la franchise.

30.

En fait de paradoxie, aucune autre religion ne saurait rivaliser avec le christianisme. Habitués comme nous y sommes depuis notre enfance, cela ne nous frappe plus : replaçons-nous dans le point de vue des nations et des siècles qui en eurent connaissance pour la première fois.

31.

Quelques écrivains de nos jours ont répété avec affectation que « l’Europe porte le sceptre de l’intelligence, parce qu’elle est chrétienne. »

Cela s’appelle en logique : error causæ, non causæ. La véritable cause se reconnaît à ce qu’elle produit le même effet en tout temps et en tout lieu. Dans le cas contraire, c’est une circonstance qui a précédé accidentellement. On pourra tout au plus accorder que le concours d’autres