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s’élèvent jamais à l’idée de la nature naturante, de cette puissance vivifiante, une et indivisible dans l’univers.

Cet hémistiche de Virgile : Mens agitat molem, est pour eux un mystère incompréhensible.

8.

« La nature est le corps de Dieu. » — Vous croyez entendre un philosophe païen, décidément panthéiste, peut-être quelque sectateur de Xénophane. Non, c’est un théosophe chrétien, le pieux Jacob Bœhme, qui a retrouvé par la contemplation cette grande vérité, et qui l’énonce dans les termes les plus simples.

9.

Au commencement du seizième siècle, l’admiration de la belle et savante antiquité était a son comble, surtout en Italie. On croyait presque pouvoir la faire revivre. Chez quelques écrivains de cette époque, dans leurs spéculations sur la nature, l’influence des anciens philosophes et poètes a contrebalancé l’influence négative du christianisme. Tels étaient Marsilius Ficinus, Hieronymus Cardanus, Jordanus Brunus, Guglielmo della Porta, &c. C’est précisément à cause de cela qu’on les a décriés comme des têtes extravagantes. A quelques-uns il arriva pire encore. Jordanus Brunus fut brûlé, parce qu’il eut l’imprudence de retourner en Italie après avoir trouvé un asile obscur en Allemagne.

Plus tard on voit encore des vestiges de cette même influence chez des écrivains auxquels personne n’oserait disputer le titre de têtes scientifiques. Montrez certains passages de Kepler à nos astronomes, ils diront en haus-