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presque sûrs de succomber ; qui ont abandonné leur patrie, n’emportant rien de tout ce qu’ils possédaient, excepté leurs dieux et leurs livres sacrés : ceux-là doivent assurément être considérés comme victimes d’un pieux dévouement. De cette manière un nombre infini d’hommes a supporté la mort ou l’exil pour les religions de Bouddha et de Zoroastre.

Il est vrai que souvent l’indépendance des peuples a été menacée en même temps avec leurs autels et leurs temples : Alors il devient difficile de partager ce qui, dans la résistance, appartient au patriotisme ou au zèle religieux.

On sait quelle peine Charlemagne eut à réduire les Saxons. Leur attachement au culte de Woden et de cette Colonne divine (Irmensul) autour de laquelle ils célébraient leurs fêtes nationales, certainement a été pour beaucoup dans leur défense désespérée et leurs fréquentes rébellions.

Il en fut de même de la plupart des peuples slaves et lettiques. Il a fallu les subjuguer afin de leur faire accepter la religion de leurs vainqueurs.

Les sectes aussi ont eu d’innombrables martyrs, et les persécutions entre coreligionnaires n’ont pas été les moins sanglantes. Il suffira de citer l’exemple des Albigeois.

S’exposer à la perte de tous les biens terrestres pour un intérêt d’un ordre supérieur, c’est toujours beau, grand, magnanime : c’est presque, dirai-je, un symptôme de l’immortalité de l’âme. Mais il ne faut pas aller au delà. L’héroïsme qu’inspirent certaines convictions concernant les choses divines, n’en saurait prouver la vérité.

Les chrétiens des premiers siècles l’ont soutenu : de