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3.
LES PRISONNIERS POUR DETTES.
parabole.

Un seigneur anglais, immensément riche, et dont la générosité égaie l’opulence, prend pitié des prisonniers détenus pour dettes à Kingsbench. Il s’informe du montant de leur dette collective, il paye le tout comptant. Le geôlier va trouver les prisonniers l’un après l’autre, pour leur annoncer cette heureuse nouvelle. La plupart sortent tout joyeux : ils adressent au geôlier mille questions sur la personne de leur bienfaiteur inconnu, ils se proposent bien de lui témoigner leur reconnaissance à la première occasion.

Mais enfin le geôlier rencontre un prisonnier sceptique qui dit : Vous ne me persuaderez jamais qu’il y ait un homme assez riche, et en même temps assez généreux pour faire une chose pareille. Non, non ! ma dette n’est pas payée. Cependant mon petit travail rapporte quelque chose de plus que ne coûte ma nourriture. D’ailleurs j’ai encore des parents dont l’héritage doit me revenir avec le temps. Bref, je suis décidé à rester en prison jusqu’à ce que mes créanciers soient satisfaits par mes propres efforts.

Le geôlier répond conformément à ses instructions : Monsieur, cela ne se peut pas. Vous n’êtes plus écroué à cette prison, et je ne saurais vous garder. Il faut sortir tout de suite, que vous veuillez ou non.

Les docteurs chrétiens ressemblent à ce geôlier, en ce qu’ils annoncent aux pécheurs leur rédemption ou leur