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Voyez la parure infiniment variée du règne végétal : les feuilles, les fleurs, les fruits, les herbes, les buissons, les arbres, les lianes qui embrassent un tronc puissant, comme les hommes faibles s’attachent a un grand génie ou à un caractère énergique.

Voyez ce figuier sacré, le patriarche des forêts, qui, en poussant de nouvelles racines avec ses branches penchées vers la terre, couvre peu à peu un vaste terrain, et offre sous son feuillage touffu un asile à d’innombrables familles d’oiseaux, ainsi que, sous votre empire, les peuples seront rassurés contre les dangers dont les menacent l’injustice et la violence.

Tous les naturalistes accordent aux plantes la vie. Une observation insinuante et aimante découvre aussi dans les parties les plus délicates de leur organisation un réveil de la sensibilité. Le calice des fleurs est le lit nuptial de leurs amours. Elles en ressentent une telle volupté, qu’elles ne peuvent la contenir, et l’exhalent en parfums délicieux.

Dans les animaux vous observerez une prescience qui ne saurait être comprise que comme une émanation de la nature intelligente, de l’âme du monde.

Des insectes chétifs se conforment a un ordre social si bien réglé qu’il fait honte aux républiques humaines. Quelques espèces plus élevées exercent divers talents : il y a des architectes et des musiciens. Beaucoup de vertus aussi sont anticipées dans le règne animal : la fidélité conjugale, la tendresse maternelle, la vaillance, l’amour de la liberté, une fierté indomptable.

Ne soyez pas consterné par le spectacle quelquefois cruel de la guerre que se font les espèces animales entre elles. Il faut voir les choses en grand. Les difficultés,