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LES CAPRICES DE L’AMOUR.

Celle a qui je rêve sans cesse, me dédaigne ; le rival qu’elle me préfère est épris d’une autre femme ; telle beauté aussi languit vainement pour moi : honte à elle, à lui, a l’Amour, a celle-ci. et a moi-même !

9.

Le visage est sillonné de rides, la tête marquée de cheveux blancs, la force de tous les membres se relâche : l’ambition seule conserve l’ardeur de la jeunesse.

10.
LE VIEILLARD.

Le goût des plaisirs la quitté ; la fierté que lui inspirait une mâle vigueur est tombée ; ses compagnons d’âge dont l’amitié faisait le charme de sa vie sont partis pour un meilleur monde ; il ne se soulève que lentement à l’aide d’un bâton : d’épaisses ténèbres offusquent ses yeux ; et ce corps débile, hélas ! tremble encore devant son seul remède, la mort !

11.

Son enfance a duré quelques instants ; sa jeunesse fougueuse, adonnée à l’amour, pas davantage. Tantôt il a été dépouillé de son bien, tantôt comblé de prospérités. Enfin, quand son corps est usé par la vieillesse, vers la fin de ce drame mobile, semblable à un acteur qui se serait peint le visage de rides, l’homme disparait de la scène derrière le rideau qui couvre l’entrée du palais de Pluton.