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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Khorsoum, représente Vadjrasattva avec un teint rose, tenant dans sa main droite le Dordjé et dans la gauche une cloche ; celle-ci, en tibétain drilbou, est identique de forme à celles que l’on emploie pour marquer les pauses dans les chants des chœurs sacrés. Vadjrasattva est entouré de groupes de dieux représentant les protecteurs des hommes contre les mauvais esprits.

Amitābha est représenté dans toutes les images que j’ai vues, avec un teint rouge vif ; dans une peinture, très joliment exécutée, de Manguang, province de Gnari-Khorsoum, les sept choses précieuses étaient ajoutées au-dessous du siége (tib., Rinchen na doun) ; ce sont : Khorlo (sanscrit Chakra), « la rose » ; Norbou (sanscrit Mani), « la pierre précieuse » ; Tsounpo, « le royal époux » ; Lonpo, « le meilleur trésorier » ; Tachog, « le meilleur cheval » ; Langpo, « l’éléphant ; » Maglon, « le meilleur conducteur[1]. »

II. Les idées ou les phénomènes du monde ne doivent point être choisis pour sujet de contemplation ; mais par la méditation qui analyse un sujet religieux quelconque (Zhine Lhagthong, sansc. Vipasyana) l’homme acquiert de nouvelles facultés, pourvu qu’il concentre ses pensées sur un seul objet avec la plus grande application. Un tel état de calme et de tranquillité, en sanscrit Samatha, est pourtant très difficile à acquérir ; il n’est pas facile de concentrer son esprit, ce qui demande une longue pratique. Mais si l’homme parvient enfin, aidé par des exercices préparatoires[2], à méditer avec un esprit impassible sur les plus profondes abstractions religieuses dans les quatre degrés de méditation, Dhyanā (tib., Samtan), il arrive à une entière imperturbabilité, Samāpatti (tib., Nyompa), qui a aussi quatre gradations. Le premier résultat est l’absence parfaite de toute idée d’individualité. Des secrets et une puissance cachée jusque-là se révèlent tout à coup et l’homme est alors dans le « chemin de vision » Thonglam ; par une méditation continue, ininterrompue sur les quatre vérités son esprit devient surnaturellement pur et s’élève par degrés à l’état le plus parfait, appelé le faîte, Tsemo (en sanscrit Moūrdhan), patience, Zodpa (en sanscrit Kshanti) et le suprême dans le monde (en sanscrit Lokottaradharma)[3]. Ce dogme est en

  1. Sur ce sujet comparez Schmidt Ssanang Ssetsen, p. 471.
  2. On remarquera dans le chapitre xv une méthode tibétaine pour concentrer ses pensées.
  3. Voyez Burnouf, Lotus, pp. 348, 800 ; Hardy, Eastern Monachism, p. 270 ; Wassiljew, Der Buddhismus, p. 146.