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LE BOUDDHISME AU TIBET

inférieur des trois, auquel la terre appartient, le Bouddha se montre sous la forme humaine. Dans le monde de formes, il se manifeste sous un aspect plus sublime comme Dhyâni-Bouddha. Dans le plus élevé, celui des êtres incorporels, il n’a ni forme ni nom. Les Dhyanis-Bouddlias ont le pouvoir de créer d’eux-mêmes (de leur propre substance) par la vertu de dhyâna, ou méditation abstraite, un fils également céleste, un Dhyani Bodhisattva ; celui-ci après la mort d’un Manoushi Bouddha, est chargé de la continuation de l’œuvre entreprise par le Bouddha décédé, jusqu’au commencement de la prochaine époque de religion, jusqu’à l’apparition d’un nouveau Manoushi Bouddha[1].

Ainsi chaque Bouddha humain se complète d’un Dhyâni-Bouddha et d’un Dliyâni-Bodhisattva[2] ; le nombre des premiers étant illimité, implique également un nombre illimité des derniers. Au milieu de cette multitude les cinq Bouddhas de la période actuelle de l’univers sont particulièrement révérés. Quatre de ces Bouddhas ont déjà apparu ; le quatrième et le dernier qui se soit manifesté jusqu’à présent est Sakyâmouni ; son Dyâni-Bouddha est Amitâbha, en tibétain Odpagmed ; son Dhyani-Bodhisattva est Avolokitesvara ou Padmapani, généralement invoqué au Tibet sous le nom de Chenresi. Aux Dhyanis-Bouddhas de ces cinq Manoushi-Bouddhas s’ajoute, comme le sixième et le plus élevé eu rang, Vadjrasattva. C’est à lui ou à Amitâbha, qui le remplace parfois, que les Tibétains attribuent la fonction de « dieu suprême. » C’est l’une de ces deux personnes divines que l’on prie dans les cérémonies pour assurer le succès des entreprises ; la croyance en la nécessité absolue de leur assistance est si formelle qu’un lama disait à mon frère « qu’une cérémonie sans prière à Dordjesempa (Vadjrasattva) ressemble à un oiseau qui, les ailes coupées, essaye de voler[3]. »

Je puis ajouter les détails suivants au sujet des représentations par le dessin de ces personnes divines.

Une peinture sur toile qu’Adolphe reçut de Tholing, province de Gnary

  1. Les Bouddhas sont hommes et soumis aux conditions physiques établies pour la nature humaine, c’est en conséquence de ce principe que l’existence de chaque Bouddha sur la terre est limitée par les lois qui fixent la période pendant laquelle il apparaît, à la durée de la vie humaine, qui varie de 80 à 100 ans. Lorsque cette période est écoulée, il meurt, ou, comme disent les Bouddhistes, il retourne à Nirvâna.
  2. Le Bouddha humain a de plus une compagne féminine, une Sakti.
  3. Une prière très efficace est celle qui termine l’adresse aux Bouddhas de Confession, voyez planche XVI et suiv. Le fait de la fréquente invocation des Dhyânis Bouddhas montre que les Bouddhistes tibétains ne s’accordent pas en ce point avec ceux de Népal, qui croient les Dhyanis-Bouddhas absolument inactifs.