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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

des prières aux Bouddhas résidant dans d’autres régions que comme un développement du bouddhisme mahāyāna[1].

Le système mahāyāna n’exclut pas les laïques de Nirvāna ; il admet chacun à la condition de Bouddha suprême et applique ce nom à tous ceux qui ont atteint Nirvāna. Quant à la nature des Bouddhas sa définition est altérée ; ils ne sont plus entièrement privés de personnalité, ils ont un corps avec certaines qualités et possèdent diverses facultés. Selon les Mahāyānas, il leur est attribué trois sortes de corps et, en quittant la terre pour retourner aux régions supérieures, ils dépouillent seulement le dernier et le moins sublime de ces embarras terrestre appelé le Nirmānakaya. Ces corps sont nommés :

1° Nirmānākāya (tib. Proulpai-kou), qui est le Nirvāna avec les restes, ou corps dans lequel les Bodhisattvas apparaissent sur la terre pour instruire les hommes après qu’ils sont entrés par les six paramitas dans la voie des Bouddhas.

2° Sambhogakaya (tib. Longchod-Dzopaï-kou), ou « le corps de félicité et la récompense de remplir les trois conditions de perfection. »

3° Dharmakāya (tib. Chos-kou) ou le Nirvāna sans aucun reste. Ce corps idéal appartient au Bouddha qui abandonne la terre pour toujours et laisse derrière lui tout ce qui a rapport au monde[2].

SYSTÈME MAHĀYĀNA CONTEMPLATIF (YOGACHĀRYA)

Le système contemplatif est décrit dans les livres qui, en passant en revue les doctrines des Paramitas, sont partis du principe que les trois mondes n’existent qu’en imagination (tib. Semtsama). Ces livres sont le Ghana vyouha (le Gandavyouha de Burnouf), le Mahāsamaya, et certains autres. Les saints Nanda (tib. Gavo), Outarasena (tib. Dampar-de), et Samyaksatya (tib. Yandagden), sont probablement au nombre de ceux qui ont enseigné en ce sens avant Aryasanga ; ce dernier doit être considéré comme le véritable fondateur de ce système[3].

  1. Les dogmes de Bodhisattvas célestes, progénitures des Bouddhas parfaits, n’ont été développés que dans le système du mysticisme et non dans le Mahāyāna primitif.
  2. Schott, Buddhaismus, p. 9 ; Csoma, Notices, dans Journal As. Soc. Beng., vol. VIII, p. 142 ; Schmidz. Grundlehren, dans les Mémoires de l’Académie de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 224 et suiv. Pour les termes tibétains, voyez A. Schiefner, Buddhistische Triglotte, p. 4.
  3. Wassiljew, l. c., p. 143 et suiv. 164, 174, 344, 347.