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LE BOUDDHISME AU TIBET


CHAPITRE V
SYSTEME MAHĀYĀNA
Nagarjouna. — Principes fondamentaux mahāyāna. — Système contemplatif mahāyāna.
Yogachārya. — École prasanga-Madyamika.

NAGARJOUNA

Presque tous les écrivains sacrés du Tibet considèrent Nagarjouna (en tibétain Lougroub) comme le fondateur de ce système dont le nom signifie « grand véhicule ». D’après leurs écrits, Nagarjouna vivait dans l’Inde méridionale quatre cents ans après la mort de Sakyamouni, ou selon le calcul de Westergaard dans le premier siècle avant Jésus-Christ[1].

L’historien tibétain Taranatha croit cependant que les plus importants des livres mahayana avaient déjà paru au temps de Sri-Saraha, ou Rahoula-Chada, qui vivait avant Nagarjouna.

Selon quelques légendes tibétaines, Nagarjouna reçut le livre Paramartha, selon d’autres Avatamsaka, des Nagas, créatures fabuleuses de la nature des serpents, qui occupent une place parmi les êtres supérieurs à l’homme et sont regardés comme les protecteurs de la loi du Bouddha[2]. On dit que Sakyamouni enseigna à ces êtres spirituels un système religieux plus philosophique que celui qu’il donna aux hommes, trop ignorants pour le comprendre au temps où il parût. Dans une biographie chinoise Nagarjouna est dépeint comme un homme excessivement habile, qui croyait sa théorie complètement différente du bouddhisme dans sa forme contemporaine ; après sa conversation avec les Nagas, il découvrit que la même doctrine avait été enseignée par le Bouddha Sākyamouni lui-même. De là le biographe conclut que ce système possède les mêmes principes que le bouddhisme original, mais plus sublimes.

  1. Voyez p. 8. Les Tibétains sont complètement dans l’erreur quand ils considèrent Nagarjouna comme l'auteur de nombreux écrits mahāyāna, car les traités qu’ils lui attribuent appartiennent dans les traductions chinoises à d’autres auteurs. Wassiljew croit que c’est un personnage mythologique, qui n’a jamais vécu ; dans ce cas nous devrions considérer Nagarjouna comme le nom général de divers auteurs qui traitèrent des doctrines mahāyāna avant le temps d’Aryasanga. Voyez Westergaard, Buddhismus, p. 140, 219.
  2. Sur les Nāgas voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 155.