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ANNALES DU MUSEE GUIMET

Sous le rapport du degré de perfection que l’homme peut atteindre dans les vertus et la science ce système reconnaît plusieurs gradations, basées sur les considérations philosophiques suivantes :

L’intelligence des doctrines enseignées par Sâkyamouni diffère avec chaque homme. Il y a plusieurs degrés de compréhension. Ceux qui ont réussi à atteindre au plus haut degré sont supérieurs à ceux qui sont restés plus bas.

Quatre chemins mènent à la compréhension, et pour arriver à la libération finale, Nirvâna, il est de toute nécessité d’eu suivre au moins un. La libération arrive, soit instantanément par suite de mérites accumulés dans des existences antérieures, soit par une pratique soutenue des divers exercices prescrits. À la poursuite de chacun des quatre chemins de compréhension sont assignées des propriétés particulières.

Ceux qui n’ont encore mis le pied dans aucun de ces chemins sont désignés dans les livres sacrés sous le nom de fous, ou ceux qui vivent dans les filets de l’attachement à l’existence, du mauvais désir, de l’ignorance et de l’impureté. Ces hommes imprudents ne se servent pas des moyens révélés par le Bouddha pour se délivrer de la métempsycose ; « leurs esprits sont obscurcis, pesants et incapables de claire intelligence ; de tels êtres ne sont pas encore sur le chemin de la libération finale qui est seulement au bout de l’un des chemins de sagesse ».

Voici de quelle manière les bouddhistes définissent l’importance croissante des quatre chemins[1] :

Premier chemin. — Il est atteint par les Srotapatti ou « ceux qui sont entrés dans le courant conduisant à Nirvâna » et ont ainsi avancé d’un pas vers le salut. On atteint Nirvâna en rejetant l’erreur qui enseigne « Je suis » ou « Ceci est à moi », eu croyant à l’existence réelle des Bouddhas et en comprenant que les pratiques et exercices qu’ils ont ordonnés doivent être soigneusement observés. Du moment de l’entrée dans ce chemin jusqu’à l’arrivée à Nirvâna même il n’y a plus que sept naissances, mais on ne peut

    dhistes eux-mêmes déclarent que ces pratiques étaient connues aussi des Terthikas, ascètes Brahmanes, appelés aussi les Incrédules. Voyez Hardy, Eastern Monachism, p. 250 ; Burnouf, Introduction, p. 280.

  1. Voyez Foe-Koue-Ki, traduction anglaise, p. 94. Burnouf, Introduction, pp. 288-98 : Hardy, Eastern Monachism, chapitre xxii. Chaque chemin se divise en deux classes et ainsi nous arrivons au système des huit chemins dont j’ai déjà parlé.