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ANNALES DU MUSEE GUIMET

mencent à être interprétés sous différents points de vue, les anciennes sectes sont appelées le système hinayāna[1]. Ce nom signifie « petit véhicule », et à son origine chez les bouddhistes modernes. L’épithète petit vient de ce que les adhérents de ce système se bornent à la morale et à l’observation extérieure, sans faire usage d’une théologie aussi abstraite, aussi raffinée et profondément mystique que celle qu’adopta plus tard l’école mahāyāna, ou « du grand véhicule ». Yāna, véhicule, est une expression mystique qui indique que l’on peut échapper aux peines inhérentes à la naissance et à la mort en pratiquant les vertus enseignées par les Bouddhas et atteindre enfin au salut.

Les détails suivants peuvent être cités comme caractéristiques du système Hinayāna[2] :

1° Il se distingue des Srāvakas par la manière de développer le principe du bouddhisme. Il faut fuir le monde, parce qu’il greffe sur l’existence humaine la souffrance et la mort. La démonstration de la source de l’existence n’est plus tirée seulement des quatre vérités, mais aussi des douze Nidānas (en tibétain Tenbrel chougnyi), qui sont basés sur les quatre vérités. Les Nidānas, théorie de la connexion causale ou enchaînement des causes d’existence, sont formulées ainsi qu’il suit :

De l’ignorance naissent le mérite et le démérite : du mérite et du démérite la connaissance ; de la connaissance le corps et l’esprit ; du corps et de l’esprit les six organes des sens ; des six organes des sens le toucher (ou contact) ; du contact le désir ; du désir la sensation (plaisir ou peine) ; de la sensation l’union (ou attachement) aux objets existants ; de l’attachement aux objets existants renouvellement de l’existence (ou reproduction après la mort) ; de la reproduction d’existence naissance ; de la naissance décrépitude, mort, chagrins, douleur, dégoût et mécontentement passionné. Ainsi se produit le corps complet des maux.

De la complète séparation et de la cessation de l’ignorance découle la cessation de mérite et démérite ; de celle-ci, cessation de connaissance ; de celle-ci, celle du corps et de l’esprit : de là, cessation de la production des six organes ; de celle-ci, cessation du toucher ; sans le toucher point de désir ;

  1. Voyez Foe-Koue-Ki, p. 9. Köppen, Die Religion des Buddha, vol. 1. p. 417.
  2. Sur ces dogmes, voyez Wassiljew, pp. 97-128-149.