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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
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Sâkyamouni naquit à Kapilavastou dans le Gorakhpour. Les légendes nous racontent que son père, le roi Souddhodana (en tibétain Zastang), requit cent huit savants brahmanes pour lui dévoiler la destinée de son fils ; les brahmanes, disent les légendes, après un examen attentif du corps du prince, exprimèrent leur conviction que, s’il vivait dans le monde, il deviendrait le puissant souverain de vastes territoires ; mais que, s’il vivait de la vie d’ascète, il atteindrait l’état de Bouddha suprême ou Sage : en cette assemblée solennelle ils déclarèrent que cet enfant deviendrait la bénédiction du monde et jouirait d’une grande prospérité. Ce fut par suite de ces prédictions que le prince reçut le nom de Sid Dhârtha « le fondateur[1] ». Sid-Dhārtha se montra doué de facultés extraordinaires ; les légendes affirment qu’il connaissait déjà ses lettres lorsqu’on voulut les lui apprendre et que ses admirables perfections physiques et mentales manifestaient les éminentes qualités dont il était doué.

Comme trait particulièrement caractéristique, on ajoute que dès son enfance il aimait la retraite et la solitude, abandonnait ses gais et joyeux compagnons pour chercher les forêts épaisses et sombres où il s’abandonnait à de profondes méditations. Pourtant Souddhodana désirait voir son fils devenir un puissant monarque plutôt qu’un ascète solitaire ; aussi, quand une nouvelle consultation de brahmanes lui apprit que Sid-Dhārtha devait abandonner son palais magnifique pour se faire ascète si ses regards rencontraient quatre choses : la décrépitude, la maladie, un cadavre et un reclus, il plaça autour du palais des gardes vigilants afin d’empêcher ces objets redoutés d’arriver sous les yeux de son fils bien-aimé. Afin de combattre son amour de solitude et de méditation il le maria à Gopā (en tibétain Sa-Tsoma), fille de Dandāpani, de la race de Shâkya et lui fit prodiguer toutes sortes de plaisirs. Ces précautions devaient être inutiles. Sid-Dhartha, au milieu des festins, de la joie, des séductions de toutes sortes, ne cesse de songer aux maux qui viennent de la naissance, de la maladie, du déclin et de la mort, à leurs causes et aux remèdes à employer

  1. Dans les légendes sacrées il est généralement désigné sous d’autres noms : ceux de Sâkyamouni, en tibétain, Shâkya-Thoub-pa, « Sakya le puissant ». Gautama ou Sramana Gautama « l’ascète des Gautamas » se rapporte également à sa famille et à sa carrière. Les noms de Bhagavat, « le fortuné ». Sougata, « le bien-venu », Bouddha, « le sage », désignaient sa suprême perfection. Un nom fréquemment donné aux Bouddhas dans les livres sacrés est celui de Tathagata, en tibétain Dezhin ou Dezhin Sheypa, « celui qui a été comme ses prédécesseurs ». Voyez Abel Rémusat, note sur quelques épithètes descriptives de Bouddha. Journal des savants, 1817, p. 702. Burnouf, Introduction, p. 78 et suiv. Barthélemy Saint-Hilaire, le Bouddha et sa religion.