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LE BOUDDHISME AU TIBET

Mais mes frères étaient à Daba en 1855 et on ne peut trouver cette date qu’en déduisant deux ans. (Comparez page 87)[1].

Les Indiens et les Chinois ne donnent pas les mêmes noms aux années de ces cycles. Selon la règle indienne chaque année est appelée d’un nom particulier ; les Tibétains ont simplement traduit dans leur langue ces expressions sanscrites[2].

Par imitation de la coutume chinoise[3], les soixante années du cycle sont désignées de la manière suivante. Les douze animaux déjà cités sont répétés cinq fois dans l’ordre précédemment donné et sont accouplés aux cinq éléments, qui sont introduits dans la série chacun deux fois successivement. Par là nous obtenons soixante combinaisons distinctes. On distingue les années de deux manières ; on les désigne soit par la combinaison du nom de l’élément et de celui de l’animal, soit par celle de la couleur de l’élément et du nom de l’animal. Exemple d’une combinaison de la première forme : année Eau-Porc. Même combinaison dans la seconde forme : année Bleu-Porc. L’année Eau-Porc ou Bleu-Porc est la soixantième du cycle indo-tibétain. Si l’on détaille entièrement les noms des années, on ajoute aussi un genre aux combinaisons de l’élément et de l’animal ; ce genre est représenté soit par pho, particule indicative du genre masculin, soit par mo, qui indique le féminin. Le genre de chaque combinaison est déterminé par sa position dans le cycle. L’élément et l’animal de l’année qui commence le cycle sont masculins ; la suivante est désignée par le même élément et l’animal suivant, tous deux au féminin ; les mêmes alternatives de genre se suivent jusqu’au bout ; il en résulte que chaque année impaire comme 1, 3, 5, etc. sera mas-

  1. Csoma, tout en signalant une différence entre les cycles indo-tibétains et chinois (Grammar, p. 148), ne tient pas compte de l’emploi du système chinois quand il dit que l’année 1834 est la vingt-huitième du cycle courant. D’après les raisons précédentes, c’est la trentième qui est le nombre exact. Dans l’exemple de Cunningham (Ladak, p. 395), le cycle indo-tibétain est également employé. Je dois observer que Csoma était mal renseigné quand il prétend que la différence entre le cycle chinois et indo-tibétain est de trois ans, au lieu de deux ; il dit que « les Tibétains appellent première année la quatrième du cycle chinois ». Je dois aussi appeler l’attention sur une erreur que font facilement les Européens quand ils comptent les années des cycles. Quand on calcule la différence entre une année quelconque et la première, les deux nombres doivent être pris inclusivement ; si par exemple le cycle commence en 1806, l’année 1851 n’est pas la quarante-cinquième, comme le calcule Cunningham (p. 386), mais la quarante-sixième de la série.
  2. Csoma, Grammar, pp. 148-150. On y trouvera les soixante noms.
  3. À propos de cette méthode, voyez le mémoire d’Ideler, Ueber die Zeitrechnung der Chinesen, Berlin, 1839.