On ne brûle pas les corps des Lamas ; on les enterre dans une attitude de repos (ils ne sont pas tout à fait assis), les genoux rapprochés du menton et tout le corps attaché aussi serré que possible ; quelquefois on les renferme dans un sac de toile. En général les tombeaux ne sont pas creusés ; on choisit pour cimetière une place abondamment pourvue de pierres ; le corps est simplement déposé sur le sol et caché sous un monceau de pierres. Ce n’est que dans des cas restreints que l’on érige des Chortens sur les corps. Grâce à la remarquable tolérance qui caractérise le bouddhisme, mes frères ont obtenu la permission d’ouvrir et d’examiner quelques tombeaux à Leh ; ils ont même décidé un Lama à faire bouillir quelques corps pour nettoyer et préparer les squelettes ; cette opération toutefois dut être cachée à la population. Les corps exhumés n’étaient pas décomposés ; la grande sécheresse de l’atmosphère avait réduit la chair qui couvrait les os en une sorte de substance dure comme du cuir, qui ne résistait que faiblement à l’action de l’eau bouillante. La longueur de plusieurs corps , comprimés ainsi que nous l’avons dit, était de 2 pieds 1/2 à 3 pieds.
Pendant la durée de la combustion et de l’enterrement on lit des prières et on pratique diverses cérémonies ; on présente des offrandes au dieu du feu, Mélha ; on accomplit aussi le Zhibaï chinsreg, pour obtenir la rémission des péchés du défunt[1].
Avant l’enterrement a lieu la cérémonie de l’achat de la sépulture au seigneur du sol, en tibétain Sadag gyalpo. Le seigneur du sol et les démons qui lui obéissent sont réputés nuire par méchanceté innée au défunt dans son existence future et aux parents survivants dans la vie présente. On peut apaiser le seigneur du sol par l’achat de la sépulture ; les démons sont éloignés par des charmes et des rites, dans lesquels on rend hommage aux trois Gemmes, c’est-à-dire Bouddha, Dharma et Sanga[2]. Ou prétend que ces rites ont été enseignés par Mandjousri, le dieu de la sagesse.
Les parents du défunt préviennent les astrologues, qui disent être en relations avec Sadag, de la somme qu’ils ont l’intention de lui offrir soit en bestiaux, soit en argent, et les prient de l’engager à s’en contenter. Invariablement la réponse est que Sadag, qui est représenté comme insatiable,