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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
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animal d’argile ou de pâte de pain, avec un moule de bois dont il a sur lui une quantité à choisir[1], et il force l’âme du démon à quitter la forme qu’il a prise et à entrer dans la figure qui vient d’être fabriquée ; à cet effet il trace des cercles magiques et récite des incantations pendant un moment. Quand par ces moyens l’esprit a été renfermé, le Lama lit des passages de certains livres et donne au patient l’animal moulé pour le brûler ou l’enterrer ; on en applique aussi des empreintes sur diverses parties de la maison et ces marques ne doivent être enlevées qu’après la guérison. Si ces moyens ne réussissent pas et que le malade meure, il est reconnu que la maladie était une punition d’actes immoraux commis dans une existence antérieure.

10. Rites funéraires

Les funérailles (tib. Shid) d’un laïque unissent généralement, quand les circonstances le permettent, par la combustion du corps ; cependant l’usage, autrefois commun, d’exposer le corps sur les collines en proie aux bêtes fauves se pratique encore maintenant de temps en temps par suite de la rareté du bois[2]. La cérémonie de combustion du corps s’accomplit sur un autel de forme cubique ; dans les grandes villes il y en a toujours plusieurs tout prêts ; ainsi à Leh il existe douze de ces autels autour du cimetière. Dans les contrées où le bois est abondant, comme à Bhoutan et à Sikkim, on en emploie suffisamment pour rendre la combustion complète et qu’il ne reste que des cendres ; mais au Tibet il arrive souvent que beaucoup d’ossements ne sont pas consumés ; on les recueille alors soigneusement avec les cendres et on les enterre[3].

  1. Les planches nos XXXIII et XXXV donnent des spécimens de ces moules.
  2. Pour les descriptions des diverses sortes de funérailles, voyez, Nouv. Journ. As., vol. IV, p. 254. Huc, Souvenirs, vol. II, p. 347 ; Cunningham, Ladak, p. 308.
  3. Mon frère Hermann m’a donné les détails qui suivent sur la manière de recueillir les cendres dans le Bengale oriental et à Assam. — Un drap d’environ 3 pieds carrés est attaché par les quatre coins à des bâtons de 3 à 4 pieds de haut, enfoncés dans la terre ; dans ce drap qui forme alors une sorte d’auge, on réunit les cendres, les os et les restes de charbons, que le vent se charge de disperser ou que la pluie et la chaleur décomposent. Les tribus des monts Khassia, où il tombe plus de pluies que dans aucun autre pays connu, bien qu’elles ne durent que trois ou quatre mois, ont la curieuse habitude de conserver leurs morts jusqu’à la fin de la saison des pluies ; tant que dure la pluie torrentielle la combustion en plein air est impossible. Ils mettent le corps dans un tronc d’arbre creux, qu’ils remplissent de miel ; ce procédé retarde la décomposition pendant plusieurs mois, même dans ces régions chaudes et humides.