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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

novice s’assoit sur un tapis de feutre blanc et tient la flèche d’une main la pointe appuyée perpendiculairement sur la paume de l’autre ; par une légère secousse de rotation il la met en mouvement et progressivement la laisse tomber à terre ; ses secousses deviennent plus fortes quand la pointe a quitté sa main et repose par terre ; il la saisit alors des deux mains et par une impulsion convulsive il lui conserve son mouvement. Les spectateurs croient que la flèche tourne par son propre pouvoir et que les secousses et les tremblements du prêtre sont la conséquence naturelle de ce mouvement spontané.

Le novice continue pendant plusieurs heures, pendant lesquelles il fait des milles sur lui-même et ne cesse que quand ses mains sont couvertes d’ampoules et ses forces épuisées. L’arrêt de la flèche est considéré comme le signe infaillible de l’expulsion des démons ; si la cérémonie avait pour but la découverte d’un vol, la direction indiquée par la pointe est celle où il faut chercher le voleur. Le novice va alors rejoindre les Lamas qui, pendant ce temps, chantaient des hymnes et récitaient des prières ; on chante encore quelques hymnes finales et on remet solennellement la flèche à celui qui a ordonné la cérémonie.

8. Cérémonie Yangoug

Le but de cette cérémonie Yangoug ou Yangchob, « chercher le bonheur, assurer le bonheur »[1], est de supplier Dzambhala ou Dodne Vangpo[2], le dieu de l’opulence, d’accorder la fortune. On offre une flèche semblable à celle qui sert à obtenir l’assistance des Dragsheds (n°6) ; mais le disque qui l’accompagne est percé d’un trou au centre et de quatre groupes latéraux de perforations qui remplacent les syllabes mystiques. Des plumes d’aigle noir garnissent la flèche, et sur les cinq bandelettes de soie est roulée une bande d’étoffe blanche chargée de quelques Dharânis et finissant en deux languettes[3]. Ces remarques offrent aussi des explications additionnelles à l’invocation aux Bouddhas de confession. Tout ce qui contribue à éclaircir cette pièce est bien venu pour moi, car la nouveauté du sujet a beaucoup

  1. g̣Yang, « bonheur » ; ’gngș, « demander » ; ṣkyobṣ, « protéger ».
  2. g̣Dod-nas, « du commencement » ; ḍvang-po, « souverain, tout-puissant ».
  3. J’ai également vu la flèche tracée sur une table astrologique.