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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

« Quand le roi de la roue d’or, le souverain des quatre éléments (en sanscrit Maha Chakravartin Raja), le monte pour traverser le monde, il part le matin et rentre le soir sans avoir ressenti aucun fatigue. » Le Norvon Phrengva rapporte qu’il traverse d’immenses espaces en un moment[1].

Le Loungta est le symbole de « l’harmonie, » car il réunit en harmonie les trois conditions de l’existence humaine, dont l’union constitue le bonheur ; il les fortifie de façon à produire une union salutaire à l’homme. Ces trois conditions d’existence et de prospérité sont : Srog, Lous et Vang.

Srog, le principe vital, « le souffle », est la base de l’existence.

Lous, « le corps », signifie le développement normal de l’organisme du corps.

Vang, « pouvoir », figure l’énergie morale qui permet à l’homme de s’abstenir des actions qui nuisent au principe vital et aux organes du corps, et produisent la maladie et la mort. Il désigne, en même temps, la faculté de détourner les dangers qui découlent de l’hostilité naturelle des éléments[2].

Loungta a encore le pouvoir d’enlever aux constellations et aux planètes hostiles à l’homme leur influence nuisible. De plus l’efficacité d’un Dharāni ou d’une sentence pour le bonheur de l’existence est plus assurée par la présence de Loungta ; de cette croyance vient la coutume d’ajouter à ces Dharānis un cheval chargé de la pierre précieuse Norbou, ou une allégorie du cheval, ou au moins une prière à Loungta.

Les planches rapportées par mes frères fournissent des spécimens de cet usage. Les Dharānis sont en sanscrit, écrits en caractères tibétains et quelquefois aussi en caractères lantsa. Le but proposé et les divinités implorées varient ; dans la plupart de ces Dharānis nous trouvons cependant la prière Om mani padme houm, et Om Vadjrapani houm, Dharānis destinés à Padmapani et à Vadjrapani.

Dans la planche XXVII le cheval est au centre et porte la précieuse pierre

  1. Rémusat, dans Foe koue ki, p. 128. Schmidt Ssanang Ssetsen, p. 474. Voyez p. 30 la description des sept choses précieuses.
  2. Toutes les fois que l’élément qui entre dans la dénomination de l’année de la naissance d’un individu se trouve en contact dans le « cycle des ans » avec un élément hostile, l’année est malheureuse ; la santé est menacée, et on doit s’attendre à échouer dans ses entreprises. Cette idée tient à la croyance des Tibétains à l’influence des éléments sur la prospérité de l’homme. Voyez chap. xvii.