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LE BOUDDHISME AU TIBET

djiling, province de Sikkim, qui avait 90 pieds ; un autre à Narigoum en avait 244.

Dans les hautes vallées les manis sont construits de pierres sèches seulement ; tandis que plus bas, où le mortier n’est pas aussi dispendieux, on emploie de la chaux. Quelques grands manis ont à leurs deux extrémités des sortes de tours, quelquefois en forme de chortens, avec une image sacrée sur la façade ; si, comme il arrive quelquefois, le mani est allongé, la vieille tour reste et on en ajoute une nouvelle au bout de la prolongation. De grands poteaux, auxquels sont fixés des pavillons à prières, sont aussi assez souvent placés aux extrémités des manis.

Des tables rectangulaires de pierre rugueuse et de dimensions irrégulières, portant des inscriptions en tibétain ou en caractères lantsa[1] ou ornées de figures de divinités, sont appliquées contre le haut du mur, ou posées sur le toit du mani.

L’inscription qui se lit le plus fréquemment sur ces plaques de pierre est la prière à six syllabes : « Om mani padme houm[2] » ; ou des adorations de Vadjrasattva, telles que : « Om, ah, houm, vadjragourou, padma, siddhi, houm » ; ou de Vadjrapāni, comme : « Om, Vadjrapani houm » ; ou des interjections mystiques, comme : « Om, ah, houm ». Parmi les noms de divinités gravés sur les tables de pierre, nous trouvons fréquemment Sākyāmouni, Padmapani, Padma Sambhava, Vadjrapani (voyez planche II) et divers religieux. Ces tables sont, suivant Cunningham, des offrandes votives, faites pour obtenir l’accomplissement de souhaits particuliers. Quand les voyageurs rencontrent des manis, ils les laissent à leur gauche, afin de suivre la succession des lettres des inscriptions[3].

3. Derchoks et Lapchas

Presque tous les édifices sont ornés de pavillons attachés à un mât planté devant la porte ; ces pavillons ont le pouvoir d’empêcher les mauvais esprits

  1. Voyez page 51.
  2. Cette sentence est tracée en énormes caractères, formés de pierres noirâtres, sur le versant de la montagne en face de Lama-Yourrou ; elle est visible à une grande distance.
  3. Gérard, dans son Kanawur, p. 123, remarque que les passants laissent toujours les Manis à leur droite, et suppose que c’est par superstition. Mes frères n’ont jamais vu le peuple agir ainsi ; on laisse toujours les Manis à gauche ; plusieurs Lamas leur ont dit que la raison en était qu’en passant ainsi, on pouvait suivre les caractères, au lieu de les lire à rebours.