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LE BOUDDHISME AU TIBET

pied contre les inégalités du sol ni le soutenir ; les bottes tibétaines sont cependant encore complétées par d’épais bas de feutre.

Mes frères n’ont vu que très rarement employer les souliers, et encore seulement par les supérieurs des monastères.

Pour compléter la description de l’habillement d’un Lama, j’ai encore à parler de différents petits objets d’un usage général. De la ceinture qui serre la robe pend une gaine à couteau et plusieurs bourses ou pochettes contenant divers objets, tels que brosse à dents, racle-langue, un cure-oreille, un briquet et une mèche, du tabac ou de la noix de bétel, des dés qui s’emploient pour prédire les événements futurs ; un cylindre à prières et une pipe de métal chinois se trouvent aussi presque toujours au nombre des objets attachés à la ceinture.

Les rosaires, en tibétain Thengpa, instruments indispensables pour compter le nombre voulu de prières, sont ordinairement attachés à la ceinture ou quelquefois roulés autour du cou[1]. Ils ont cent huit grains qui correspondent aux volumes du Kandjour ; mais ceux qu’emploie la population laïque n’ont guère que trente ou quarante grains. Les grains sont de bois, de pierre ou d’os de saints Lamas ; ces derniers ont une grande valeur ; les rosaires des chefs Lamas sont assez souvent de pierres précieuses, particulièrement de néphrite (la Yasheni des Turkistans) et de turquoise. À presque tous les rosaires sont attachés des pinces, des aiguilles, un cure-oreille et un petit Dordje[2].

Les boîtes à amulettes, en tibétain Gaû (dans l’idiome lepcha de Sikkim Koro et Kandoum, quand elles sont en bois), se portent aussi autour du cou ; il est assez fréquent d’en voir plusieurs attachées au même cordon. Elles sont presque toujours pointues enferme de feuille de figuier ; mais il y en a aussi de carrées ou de rondes. L’extérieur est ciselé en relief ou peint.

Les boîtes de bois sont fermées par un couvercle glissant, qui est souvent

  1. Comparez Pallas, Reisen, vol. I, p. 503 ; Turner, Embassy, pages 261, 336 ; J.-J. Schmidt, Forschungen, p. 163. Quand ils voyagent les Lamas sont chargés de beaucoup d’autres objets. Voyez Hooker, Himalayan Journals, vol. II, p. 142.
  2. Les pinces sont en usage même parmi les tribus les plus grossières, qui vont presque nues ; elles leur servent à arracher les épines. J’ajoute, comme exemple de l’antiquité de l’usage des pinces, qu’on en trouve dons les plus anciens tombeaux, dans les collines de Franconie et de Bavière.