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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

La veste de dessous n’a pas de manches. Elle n’est pas coupée sur la forme du corps, mais tombe tout à fait droit. À Ladak presque tous les Lamas la portent sur la robe.

Les pantalons sont fixés à la taille par un lacet glissant dans un ourlet Pantalons tibétains Les deux jambes sont équidistantes du haut en bas, même tout en haut, comme dans la figure a et non comme dans la figure b. En hiver les pantalons se portent par dessus la grande robe pour mieux garantir du froid[1]. Selon Turner, les Lamas de Bhoutan portent, au lieu de pantalons, des jupes qui descendent presque jusqu’aux genoux.

Le manteau, en tibétain Lagoi, « vêtement de dessus », est l’habit ecclésiastique des moines, avec lequel on représente aussi les Bouddhas, les Bodhisattvas et les Lamas sacrés. C’est un châle long, mais étroit, de laine ou quelquefois de soie, il a 1 à 20 pieds de long et 2 à 3 de large. Il est jeté sur l’épaule gauche et passe sous le bras droit de façon à le laisser découvert.

Peut-être la coutume de découvrir le bras droit pourrait-elle s’expliquer par l’abolition des castes par Sākyamouni, car la bordure du châle décrit une ligne sur la poitrine, juste comme le fait la triple corde que, selon les lois de Manou, les trois hautes classes seules ont le droit de porter, pendant que le châle est porté par tous les prêtres, de quelque classe qu’ils soient sortis[2].

Les bottes sont faites de feutre épais rouge ou blanc, et ornées de rayures perpendiculaires. Elles montent jusqu’aux mollets. Les semelles sont formées d’un double feutre et quelquefois en outre d’une semelle de cuir ; ces semelles sont, pour le pied, un soutien très solide et inflexible ; elles le protègent très bien contre les pierres aiguës, beaucoup mieux que ne le font les chaussures des Turkistans, dont la semelle est de cuir mince et ne peut ni protéger le

  1. Turner, Embassy, p. 86. L’usage des pantalons est très ancien ; voyez le très complet et très intéressant ouvrage de Weiss, Kostümkunde, vol. II, p. 545, 674, qui donne beaucoup de dessins dans lesquels les anciennes races du Nord et de l’Est de l’Asie sont représentées avec des pantalons. Il est étonnant de voir que leurs costumes ne diffèrent que très peu de ceux d’aujourd’hui.
  2. Manou, chapitre II, pages 42 et 44. Sur d’anciennes sculptures, les Bouddhas ne portent quelquefois que les trois cordes ; voyez les dessins de l’archipel de Crawford, vol. II. et dans le Rgya chher rol pa, de Foucaux, vol. II, planche I.