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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

qu’il rencontre et laisse un petit présent. Les rémunérations pour assister aux naissances, mariages, maladies, morts, etc., sont généralement fixées par le prêtre officiant selon la fortune de ceux qui réclament son assistance. Elles consistent ordinairement en produits naturels, qui semblent être donnés d’avance[1]. La propriété territoriale qui est quelquefois considérable est cultivée par les gens qui dépendent du couvent, ou bien louée à grand prix, La fabrication et la vente d’images, charmes, etc., est encore une source de revenus considérables pour chaque monastère ; beaucoup de voyageurs signalent le commerce qu’ils font sur les laines et, dans le Tibet oriental, sur le musc[2].

Grades parmi les Lamas. — Au Tibet le clergé, outre qu’il vit aux dépens du public, est aussi, dans la plupart des districts, affranchi des taxes et contributions pour les travaux publics ; c’est à cause de ces avantages et de bien d’autres encore, que la dignité de Lama est partout si recherchée[3]. Dans le Tibet oriental et occidental on a coutume de faire Lama le fils aîné de chaque famille, et les règlements restrictifs, tels que ceux des anciens livres religieux, paraissent avoir perdu leur force, car tous les voyageurs rapportent que tout le monde peut devenir membre des ordres religieux ; la seule restriction que je connaisse, c’est qu’à Bhoutan le père qui veut que son fils soit reçu comme novice doit en demander la permission au Deba et au Dharma Raja, et payer un droit de 100 roupies Deba[4]. Quand quelqu’un déclare son désir d’entrer dans le clergé ou de faire de son fils un Lama, on examine les talents du novice. La plupart du temps ce sont des enfants, et si on les trouve assez intelligents, on leur permet de prendre les vœux (tibétain dom), c’est-à-dire d’observer les devoirs religieux inhérents à la prêtrise ; ils deviennent alors « candidats pour les ordres », Genyen (équivalent du sanscrit Oupasaka)[5]. Les Lamas chargés de l’instruction des

  1. Comme exemple de cette coutume, je cite, chapitre XV, no 9, les cérémonies pour éloigner les démons de la sépulture. Voyez aussi Huc, Souvenirs, vol. II, p. 121.
  2. Voyez Turner, l. c., pp. 200-312 Moorcroft, Travels, vol. II, p. 61 ; Mansasaur-Lak, As., Res., vol. XII, p. 432.
  3. À Ladak, cependant, les monastères sont taxés à des sommes considérables par le gouvernement de Kashmir ; Cunningham, Ladak, p. 273.
  4. Pemberton, Report, p. 118. Burnouf, Introduction, p. 277 ; Turner, Embassy, p. 170, Moorcroft, Travels, vol. I, p. 321.
  5. Voyez p. 94.