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LE BOUDDHISME AU TIBET

du lecteur sur ceux de célibat et de pauvreté (que Tsonkhapa remit en vigueur) à cause de leur grande influence sur le développement du caractère actuel du clergé tibétain.

La violation de la règle de célibat ou même le commerce sexuel est sévèrement puni : néanmoins ce cas se présente assez fréquemment, surtout parmi les Lamas qui ne vivent pas dans les monastères. Nous connaissons en outre deux cas où, par considération d’intérêt public, le Dalaï Lama a accordé des dispenses pour le mariage à des lamas de sang royal. Un de ces cas est rapporté par le docteur Campbell, qui raconte qu’un prince de Sikkim a obtenu cette permission : un autre fait analogue est donné par Moorcroft, au sujet d’un Raja de Ladak[1]. Le vœu de pauvreté est une des institutions qui atteignent sérieusement la prospérité publique au Tibet, parce que les moines, si nombreux dans tous les pays bouddhiques, doivent vivre des contributions prélevées sur la population laïque. Le simple Lama qui a renoncé au monde ne doit rien posséder en dehors de ce que permet le code de discipline, et pourtant les couvents de Lamas peuvent posséder des propriétés foncières, des maisons, des trésors, et leurs membres peuvent jouir de l’abondance de leurs riches magasins.

Les revenus proviennent de la récolte des aumônes, des dons volontaires, des rémunérations données pour la célébration des rites sacrés, des rentes des biens, et même d’entreprises commerciales.

Les aumônes se perçoivent plus particulièrement au temps de la moisson ; beaucoup de Lamas sont alors envoyés dans les villages pour mendier du grain. Pendant qu’Hermann était à Himis (septembre 1856), plus de la moitié des lamas étaient en tournée de quête. Les dons volontaires les plus considérables sont ceux que l’on offre à un Lama incarné ou que l’on donne aux fêtes annuelles[2]. La plupart des petits dons sont recueillis par les monastères situés le long des principales passes des montagnes ; car il est d’usage que chaque voyageur récite quelques prières dans les temples

  1. Journal As., Soc. Beng., vol. XVIII, p. 494. Voyages, vol. I, p. 334. Il y a dans le Tibet chinois une secte que le P. Hilarion appelle Sa zsya ; elle permet aux prêtres de se marier et de procréer un fils, après quoi ils abandonnent leurs femmes et se retirent dans un monastère, Arb. der Russ. Mission, vol. I, p. 314.
  2. Voyez Turner, Embassy, p. 245.