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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

religieux. Dalha est le dieu tutélaire des guerriers. Les images des cinq grands rois se rencontrent généralement dans les temples et les oratoires particuliers des laïques ; les boîtes à amulettes contiennent aussi assez souvent ces représentations. On les voit aussi dans une image des trente-cinq Bouddhas de Confession (voyez page 61), où ils sont représentés montés sur des animaux fantastiques. Bihar a un tigre rouge ; Choichong un lion jaune ; Dalha un cheval jaune (Kyang) ; Louvang, le dieu des Nagas (voyez page 21) un crocodile bleu ; Tokchoi un daim jaune. Dans d’autres peintures, l’un de ces dieux est le sujet principal, et il est dessiné en plus grande dimension que les figures environnantes. Une de ces peintures, achetée par Adolphe à Mangnang, Gnary-khorsoum, représente Choichong excessivement gros, avec trois têtes, monté sur un lion blanc à crinière bleue ; la figure est entourée de flammes. Ses têtes latérales sont bleu et cramoisi, celle du milieu est comme le corps couleur de chair, son large chapeau et ses nombreux bras (symboles de son activité) sont dorés ; son vêtement est une peau de tigre, dont les pattes sont nouées autour de son cou. Dans le haut du tableau sont dessinés quelques animaux domestiques, en allusion au grand mérite que l’on obtient en lui consacrant un animal ; celui-ci ne peut alors plus être tué pour les usages domestiques, mais doit être donné, au bout de quelque temps, aux Lamas qui peuvent le manger. Au-dessous de lui sont représentés trois autres défenseurs de l’homme contre les esprits malfaisants, ce sont : Damchan dordje legpa, monté sur un chameau ; Tsangpa, en sanscrit, Brahma (voyez page 72) sur un bélier ; Chebou damchan sur un bouc.

ORGANISATION DU CLERGÉ

Principes de sa constitution. — De clairs et peu nombreux qu’ils étaient, les préceptes que doivent observer les Lamas sont arrivés aujourd’hui à former un copieux code de lois, qui contient deux cent cinquante règles ; en tibétain Khrims ; elles sont énumérées dans la Doulva ou première division du Kandjour et ont été expliquées dans les œuvres bien connues de Hardy et de Burnouf[1]. Parmi cette masse de préceptes, j’appelle particulièrement l’attention

  1. Hardy, Eastern Monachism, Londres, 1850. — Burnouf, pages 324-335, Introduction. Comparez Csoma, Analysis dans As. R., vol. XX, page 78.