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LE BOUDDHISME AU TIBET

esprits au nom et au profit du clergé. Les tours vulgaires comme vomir des flammes ou avaler des couteaux, etc., ne sont pas pratiqués en public et ne seraient pas permis, quoique, dans d’autres cas, ces exorcistes aient le droit de se jouer tant qu’ils veulent de la crédulité de la foule ignorante et d’en tirer tout le profit qu’ils peuvent. Les instruments qu’ils emploient le plus fréquemment pour leurs charmes sont : une flèche et un triangle sur lequel sont inscrites de prétendues sentences talismaniques[1]. Parmi ces astrologues, les Lamas nommés Choichong, qui, dit-on, sont tous instruits dans le monastère de Garmakhya à Lhássa, jouissent de la plus grande réputation ; cela tient à ce que le dieu Choichong ou Choichong Gyalpo, s’incorpore, chaque fois qu’il descend sur la terre, dans un des Lamas qui appartiennent à ce monastère. Son retour se manifeste par la fréquence d’actes miraculeux accomplis par un Lama, qui est alors considéré comme l’instrument favori choisi par le roi Choichong. Il devient bientôt l’objet d’une vénération universelle, qui est des plus lucratives pour le monastère, car de toutes les parties de la Haute Asie des bouddhistes arrivent en pèlerinage à Lhássa pour recevoir sa bénédiction, et s’estiment très heureux si les présents considérables qu’ils apportent en échange sont acceptés par le représentant de Choichong. Les astrologues choichongs sont rares dans les monastères en dehors du Tibet ; et bien qu’on trouve dans beaucoup de monastères du Tibet occidental et de l’Himalaya des images du roi Choichong, mes frères n’ont jamais vu un Lama choichong[2].

Le dieu Choichong n’est qu’un des « cinq grands rois » en tibétain Kounga-Gyalpo. Ces cinq personnages mythologiques protègent l’homme très efficacement contre les mauvais esprits et lui donnent le pouvoir de réaliser tous ses souhaits. Ils se nomment : Bihar-Gyalpo ; Choichong-Gyalpo, Dalha-Gyalpo, Louvang-Gyalpo, Tokchoi-Gyalpo. Je sais positivement que Bihar s’est déclaré le protecteur des monastères et établissements

  1. Voyez chap. xv des détails sur certaines cérémonies où ces objets sont employés.
  2. Voyez Description du Tibet, Nouv. Journal As., vol. IV, pages 240, 293. Les sacrifices les plus agréables à ces rois et les conditions dans lesquelles ils doivent être offerts, sont détaillés dans le livre tibétain intitulé : Ku nga gyalpoi kang sho, confesser aux cinq grands rois. Le livre Prulku choichong chanpoi Kang shag, confesser à l’incarnation du grand Choichong, traite avec détails de Choichong.