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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

La dimension de ces deux feuilles ne permet pas de reproduire ici cette invocation aux Bouddhas sous forme de fac-simile ; j’ai préféré la donner à la fin de ce chapitre, transcrite en caractères capitaux dans la forme ordinaire des livres tibétains.

Un espace blanc sépare chacune des deux parties ; le commencement de la seconde est indiqué en outre dans le texte tibétain par le retour du signe initial[1].

Son titre complet est : Digpa thamchad shagpar terchoi, « repentir de tous les péchés, doctrine du trésor caché »[2]. Les mots ter-choi étaient illisibles dans la phrase titre du traité et ce ne fut que grâce à leur rencontre dans une phrase au bas de la plus grande feuille que je pus combler cette lacune. Là aussi les mots précédents étaient altérés, mais le sens général et les quelques lettres encore déchiffrables suffisaient à ne laisser aucun doute sur la répétition du titre. — Un autre nom de cette prière, que nous verrons souvent dans le texte est, Digshag ser chi pougri, « le rasoir d’or qui efface les péchés »[3] ; cette désignation indique évidemment son efficacité extraordinaire pour la délivrance des pécheurs.

La plus grande feuille commence par une louange générale de tous les Bouddhas passés, présents et futurs qui ont le plus approché de la perfection ; ensuite viennent cinquante et un Bouddhas, désignés tous par leur nom ; pour quelques-uns on indique la région où ils habitent ; pour d’autres ou ajoute le nombre de leurs naissances depuis le moment où ils sont entrés dans la carrière de Bouddha, jusqu’à celui où ils en ont atteint la dignité. On prétend que la lecture ou la prononciation des noms de ces Bouddhas efface les péchés, et on spécifie les péchés que chaque Bouddha a le pouvoir d’absoudre. On y trouve une allusion à la scélératesse de la race humaine, qui a causé la destruction de l’univers et la prophétie que l’homme emploiera ce traité et en tirera de grands avantages.

La seconde et plus petite feuille commence par ces mots : « Enchâssé dans

  1. Dans la traduction française, les mots placés entre parenthèse sont plutôt des paraphrases explicatives que des traductions littérales du tibétain.
  2. Sdig-pa, « péché, vice » ; thams-chad, « tout » ; ḅshags-pa, « repentir, confession » ; r le signe de l’accusatif, est souvent employé au lieu du signe du génitif (comp. Foucaux, Gram. tib., p. 94) ; g̣ter, « un trésor ; chhos, « la doctrine ».
  3. Gser, « or » ; Kyi, chi, est le signe du génitif ; spu-gri, « un rasoir ».