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LE BOUDDHISME AU TIBET

Ces collections furent imprimés par l’ordre Mivang, régent de Lhássa, en 1723-46 ; la première édition fut préparée à Nárthang, ville près de Tashiloúnpo, qui est encore renommée pour ses productions typographiques. Aujourd’hui elles s’impriment dans beaucoup de monastères ; mais le papier et l’impression de ces copies, celles du moins qui se vendent à Pékin, sont si mauvais et le texte si plein d’erreurs qu’il est presque impossible de les lire.

En tibétain on n’emploie pour l’impression que les lettres capitales (tib., vouchan), du moins autant que je le sache ; pour les manuscrits les petites lettres (voumed) sont d’un usage fréquent, et selon les nécessités de la main elles sont souvent quelque peu modifiées. Quand on emploie les lettres indiennes pour les sentences sanscrites, on fait usage de l’alphabet randjā, appelé Lantsa par les Tibétains ; c’est celui avec lequel sont écrits la plupart des anciens livres sanscrits découverts dans le Népal. Cet alphabet randja ou lantsa, est une variété du Devanagari ; il est surtout usité pour écrire en sanscrit les sentences mystiques, Dhāranis, qui doivent être reproduites sans aucune altération pour conserver leur efficacité ; bien que l’alphabet tibétain ait été adapté à leur reproduction exacte, l’alphabet randja est pourtant préféré dans beaucoup de cas.

Les livres tibétains sont répandus partout dans l’Asie centrale, à cause de la grande réputation dont jouit tout ce qui vient du Tibet, le pays d’élection de Padmapāni. L’art de l’impression, depuis longtemps connu des Tibétains, qui emploient à cet effet des blocs de bois gravés, a aussi beaucoup aidé à leur extension. Il n’y a pas de monastère bouddhique qui ne possède une série d’ouvrages en langue tibétaine, et le prix que les Kalmouks et les Bouriats payent quelquefois pour les plus sacrés, comme par exemple le Kandjour, s’est élevé en certains cas jusqu’à 200 livres (50,000 francs).

Beaucoup de livres tibétains, soit originaux soit traductions du sanscrit, sont venus jusqu’en Europe et à Calcutta grâce aux efforts de zèle de Csoma, Schilling von Cannstadt, Hodgson, de quelques Anglais résidant à Hillstation et des membres de l’ambassade russe à Pékin. La bibliothèque et le musée de l’India Office, si richement pourvus en tous les genres d’objets pratiques ou scientifiques se rapportant à la vie orientale, possèdent aussi un grand nombre d’ouvrages tibétains importants ; on n’en a pourtant publié aucun catalogue jusqu’à présent. Tout le Kandjour et le Tandjour s’y trouvent. Un autre exem-