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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

tères dans le Tibet oriental. D’après la manière dont les livres tibétains parlent de cette secte, il paraît probable que le nom de Bonpas était restreint à ceux qui refusèrent d’embrasser le bouddhisme dès son introduction. Plus tard ils adoptèrent ses principes tout en gardant rigoureusement, autant du moins qu’on peut le présumer d’après le peu de données que l’on a sur eux, les idées superstitieuses et les cérémonies des premiers habitants. Cette opinion est celle de Csoma ; elle a été plus tard appuyée par Hodgson qui a récemment publié plusieurs gravures représentant leurs divinités. Elle est encore corroborée par ce fait que, même aujourd’hui, le nom de Bonpa est appliqué aux exorcistes de quelques-unes des tribus les plus grossières de l’Himalaya, telles que les Mourmis et les Sounvars[1].


CHAPITRE VIII

littérature sacrée

Ouvrages traduits du sanscrit et livres écrits en tibétain. — Les deux recueils du Kandjour et du Tandjour. — Littérature tibétaine en Europe. — Analyse du Mani Kamboum. — Noms et représentations de Padmapani.

Les premiers livres religieux publiés en tibétain sont de simples traductions du sanscrit entreprises par des prêtres indiens, des traducteurs tibétains (Lotsavas) et aussi des Chinois. L’œuvre de traduction fut menée avec un zèle et une énergie remarquables ; afin d’arriver à l’uniformité on prépara un vocabulaire des noms propres sanscrits et des expressions techniques et philosophiques qui se rencontrent dans les textes originaux, et il fut ordonné de s’y conformer[2]. Mais il est regrettable que les traducteurs, au lieu de

  1. Le Bōdhimör dans l’histoire de Ssanang Ssetsen, p. 351 et 367. Csoma, Geographic Notices of Tibet, dans Journal As. Soc. Beng., vol. I, p. 124 ; Dictionnary of the Tibetan language, p. 94. B. H. Hodgson, Notice on buddhist symbols in Royal As. Soc., vol. XVII, p. 396. L’identité de ces images avec celles que l’on trouve dans les temples bouddhistes orthodoxes (les noms seuls différent) est une nouvelle preuve de l’alliance intime de la religion bouddhiste et des rites et idées païennes.
  2. Les premiers commencements de cette entreprise datent peut-être du temps de Srongtsan Gampo et de Thoumi Sambhota. Ce vocabulaire existe encore en trois éditions, qui varient suivant le plus ou moins grand nombre d’expressions qui y sont contenues. Celui de taille moyenne fut composé au temps