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LE BOUDDHISME AU TIBET

quable par son long nez. Huc croit que cet étranger devait être un missionnaire européen et attribue aux renseignements que Tsonkhapa aurait reçus de ce prêtre catholique la ressemblance du service religieux au Tibet avec le rituel catholique romain. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer sur la question de savoir ce que le bouddhisme peut avoir emprunté au catholicisme ; mais les rites du bouddhisme relevés par les missionnaires français tiennent pour la plupart aux institutions particulières de cette religion, ou bien ont éclos à des époques postérieures à Tsonkhapa[1].

Les innovations de Tsonkhapa ne furent jamais toutes acceptées ; il eut pourtant beaucoup de partisans et leur nombre s’accrut rapidement pendant les deux siècles suivants, jusqu’à ce qu’ils fussent devenus prépondérants au Tibet et dans la Haute-Asie. La sévérité de ses ordonnances contre les prêtres a été cependant beaucoup adoucie ; nous pouvons juger combien leur pratique diffère maintenant de la théorie, par ce fait que la profession cléricale est généralement fort ambitionnée et qu’une partie considérable du revenu du clergé provient de cérémonies d’un caractère d’absolue fourberie, pratiquées à la demande de la population laïque pour écarter les mauvais esprits.

Au sujet de l’introduction du bouddhisme dans la Chine propre, je me bornerai à dire que dès l’an 217 avant Jésus-Christ, un missionnaire indien aurait, dit-on, prêché dans ce pays ; mais l’empereur le renvoya et le bouddhisme ne fut complètement établi en Chine qu’en 67 avant Jésus-Christ ; il fut reçu avec une satisfaction universelle[2].

Selon Cunnigham[3], le bouddhisme fut introduit à Ladâk vers l’an 240 avant Jésus-Christ, mais il ne paraît avoir dominé dans ce pays qu’à partir du premier siècle avant l’ère chrétienne. Les livres qui traitaient de l’histoire

  1. Csoma, Journal As. Soc. Beng., vol. VIII, p. 145. Huc, Christianisme en Chine, Tartarie et Tibet, sq. II, p. 10. Wassiljew, notice sur les ouvrages en langue de l’Asie orientale, etc., Bul. hist. phil. de Saint-Petersbourg, vol. III, p. 233-242. Köppen, Die Religion des Bouddha, vol. II, p. 117, Sur les miracles exécutés par les prêtres bouddhistes avant Tsonkhapa, voyez Marsden, The travels of Marco Polo, p. 169.
  2. Lassen Indische Alterhumskünde, vol. II, p. 1078, vol. IV, p. 741. W. Scott, Ueber den Buddhismus in Hochasien, p. 18. Sur le sort du bouddhisme en Chine, voyez, Nouveau Journ. Asiatique, 1836, pages 106, 138, 139. C. Gützlaff, R. As. Soc, vol. XVI, p. 73.
  3. Cunningham, Ladâk, p. 317. À Leh, mes frères se procurèrent plusieurs grands livres historiques. Deux de ces livres ont une importance toute particulière, ils sont intitulés : Gyelrap salvai melong, le vrai Miroir de Gyelrap, ou la généalogie des Rajas de Ladâk, à partir de Chigmet Choiki Senge, descendant des premiers rajas.