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LE BOUDDHISME AU TIBET
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le roi Thothori-Nyan-Tsan ; ils lui enseignent l’usage qu’il doit faire pour la prospérité générale du Tibet de quatre objets tombés du ciel (en 337 avant Jésus-Christ) enfermés dans une précieuse cassette[1] ; personne n’avait eu jusqu’alors la moindre idée de leur valeur intrinsèque. Ces instructions données, les cinq étrangers disparaissent tout à coup. Les quatre objets précieux étaient :

1o Deux mains jointes pour prier ;

2o Un petit chorten[2] ;

3o Une pierre précieuse avec une inscription de la prière « Om mani padme houm[3] » ;

4o L’ouvrage religieux, Zamatog, « vaisseau construit » sur des sujets moraux, faisant partie du Kandjour.

Le roi Thothori suivit strictement les avis des cinq étrangers et accorda une grande vénération aux quatre objets ; par leur bienfaisante et toute puissante influence il obtint de vivre jusqu’à cent dix-neuf ans et pendant tout ce temps la prospérité régna dans le royaume.

Ssanang-Ssetsen rattache l’introduction du bouddhisme à la date de cet événement ; mais, selon les historiens tibétains, « la première période de propagation du bouddhisme », qui décline ensuite jusqu’au dixième siècle, commence avec le roi Srongtsan Gampo, qui naquit en 617 et mourut en 698[4] ; ils décernent à ce roi les plus grands éloges pour ses efforts heureux dans la propagation du bouddhisme. Il envoya même dans l’Inde (623) son premier ministre, Thoumi Sambhota, avec seize compagnons pour étudier soigneusement les livres sacrés du bouddhisme et la langue indienne ; les membres de cette mission avaient aussi l’ordre de rapporter au Tibet un système complet

    de Srontsan Gampo, qui eut lieu en 617 avant J.-C. (Klaproth et Ssanang-Ssetsen) plutôt qu’en 627. Voyez Köppen, Die Religion des Buddha, vol. II, p. 54. J’ai ajouté dans les notes les dates données par Klaproth et Ssanang Ssetsen.

  1. Ssanang Ssetsen, en 367 ; il appelle ces objets Lhatotori ; les autorités citées par Csoma disent Tho-tori Nyantsau. La narration précédente est de Ssanang Ssetsen. Csoma, p. 168, raconte : « Qu’une voix fut entendue venant des cieux et disant qu’après tant de générations (septième siècle), le contenu du livre devait être révélé. » On ne dit pas d’où venaient ces cinq hommes, mais je crois, pour des raisons qui s’éclairciront plus loin, que c’étaient des prêtres chinois.
  2. Sur les chortens, voyez chapitre XIII.
  3. Voyez chapitre X.
  4. Sur cette distinction des deux périodes, voyez la Grammaire de Csoma, p. 196, note 18. L’année de la mort de Srongtsan est donnée sur l’autorité de Ssanang et de Klaproth. Elle ne figure pas sur le catalogue de Csoma.