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titres et demandait au comité de femmes de faire seul les frais de cet enseignement.

Bien que fort déçues par ces demi-mesures, les femmes russes acceptèrent ce qu’on voulait bien leur accorder, et la salle de conférences que le Ministre de l’instruction publique mit à la disposition du comité fut bondée d’auditeurs des deux sexes.

Les professeurs, d’un commun accord, donnèrent l’enseignement à titre tout à fait gracieux pour dégrever, dans la mesure du possible, le budget de la jeune Société.

Le succès de ces cours allait grandissant. En 1874, on les réserva exclusivement aux femmes et on les transféra dans un lycée de jeunes filles.

En 1885, la Société qui continuait à faire les frais de cet enseignement acheta une maison où elle installa les cours supérieurs. Mais à la suite d’agitations politiques, ces cours furent fermés en 1886. Un nouvel exode d’étudiantes russes eut lieu. Elles se dirigèrent cette fois surtout vers la Suisse, où l’Université de Zurich les admettait depuis 1867. C’est à Zurich et à Genève que, à partir de cette date, les étudiantes auxquelles les cours supérieurs de Saint-Pétersbourg ne pouvaient suffire, avaient passé leurs examens et obtenu leurs titres.

Effrayé de l’émigration des femmes étudiantes en Suisse, où leurs tendances révolutionnaires ne pouvaient que se développer, le gouvernement, en 1889, permit de rouvrir les cours supérieurs de Saint-Pétersbourg. Il y mit pour condition que le nombre des étudiantes ne dépasserait pas 600, que l’élément non catholique serait réduit à 3 p. 100 et que les rétributions seraient beaucoup plus élevées que celles payées par les étudiants des Universités.