Page:Schirmacher - Le Feminisme.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
le féminisme

des cours libres d’enseignement supérieur pour femmes, à Saint-Pétersbourg.

Nous constatons en ce moment le premier exode des étudiantes russes qui se rendent en Allemagne et frappent aux portes des paisibles Universités de Gœttingue, de Heidelberg, etc. Bien que leur demande de suivre les cours des Universités étonnât, on leur fit en général bon accueil. Elles vécurent ici aussi pauvrement qu’en Russie, avec 45 francs par mois, et ne parvinrent à se tirer d’affaire que grâce à un admirable esprit de solidarité.

Mais les femmes de Saint-Pétersbourg ne se découragèrent pas. Un comité d’initiative se forma et la présidente, Mme Conradi, adressa, en 1867, une pétition au premier Congrès des médecins et des naturalistes de Russie.

La pétition demandait la réouverture des cours supérieurs pour femmes, et la docte assemblée, l’élite intellectuelle de la Russie, fit un accueil tout à fait sympathique à la pétition féministe, l’approuva à l’unanimité, l’appuya de signatures célèbres et la transmit au Ministre de l’Instruction publique.

Trois années passèrent sans apporter de décision. Enfin en 1870, le comité de Mme Conradi fut averti que le Ministre autorisait des conférences de littérature russe et de sciences naturelles pour les deux sexes. Il limitait la durée de ces cours à l’espace de deux ans, ce qui empêchait étudiants et étudiantes de recevoir un enseignement universitaire complet dans les sujets désignés plus haut. Le Ministre imposait, en outre, une censure rigoureuse, gênante et vexatoire, aux professeurs de l’Université de Saint-Pétersbourg, qui se chargeaient de ces conférences, leur refusait le droit de faire passer des examens, de conférer des