Page:Schirmacher - Le Feminisme.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
le féminisme

des cours libres d’enseignement supérieur à l’hôtel de ville de la capitale.

D’autres femmes, désireuses de faire leur médecine et de suppléer au manque de docteurs-médecins, si sensible dans les vastes campagnes russes, s’adressèrent au Ministre de la Guerre, au département duquel appartient l’Académie de médecine. Celles-là obtinrent l’accès des cours à l’Académie de médecine même.

Une de ces femmes y fut admise en sa qualité de boursière des Kosacks-Bachkirs. Ce corps de troupe, professant l’islamisme, désirait assurer aux femmes mahométanes de la tribu les secours d’un docteur du sexe féminin.

Beaucoup de ces étudiantes russes, très pauvres ou privées de subsides parce qu’elles avaient quitté la maison paternelle contre le gré de leurs parents, ont dû faire des efforts héroïques pour continuer leurs études en dépit de la faim et de la misère.

Les femmes, cependant, n’allaient pas jouir longtemps de l’enseignement universitaire. Le gouvernement commençait à entrevoir le lien étroit qui unit l’émancipation intellectuelle d’un peuple et son émancipation politique. Résolu à conserver le statu quo politique de la Russie, il crut ne pouvoir tolérer qu’on instruisît les femmes et il considéra désormais le féminisme, même dans le domaine de l’instruction, comme un mouvement révolutionnaire ayant un caractère politique. Il usa contre ce mouvement de tous les moyens répressifs dont il disposait.

Nous résumerons ici brièvement les phases principales de cette lutte entre les féministes et le gouvernement russe.

La réaction commença en 1862, par la fermeture