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le féminisme

cœurs. La femme russe des classes cultivées, mesurant la disproportion énorme qui existait entre ce qu’elle voulait et ce qu’elle pouvait faire, reconnut l’inanité de l’éducation qu’on lui donnait dans les Instituts de demoiselles. L’Institutka (élève de l’institut) devint alors un personnage grotesque dont la Russie intellectuelle raillait la science superficielle et l’ignorance profonde.

Ce ne fut qu’en 1857 qu’une réforme se fit dans l’enseignement secondaire des jeunes filles russes.

L’empereur Alexandre II, accessible aux idées libérales de l’Europe occidentale, méditait alors l’émancipation des serfs.

L’Impératrice et sa tante, Hélène Pavlovna, toutes deux favorables à l’émancipation des femmes, profitèrent des dispositions libérales de l’Empereur pour lui demander la fondation, à Saint-Pétersbourg, d’un lycée de jeunes filles.

Elle eut lieu en 1857. Ce lycée fut une innovation complète : c’était non un internat, comme les instituts de demoiselles, mais un externat. Et au lieu d’admettre seulement les filles de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, la nouvelle école ouvrait ses portes toutes grandes aux élèves venant de toutes les classes de la société.

Le programme du nouveau lycée était, en outre, presque identique à celui des lycées de garçons, et les études qu’on y faisait étaient sérieuses.

Il y a aujourd’hui en Russie 350 lycées de jeunes filles avec 10,000 élèves.

Au sortir du lycée, les premières bachelières prirent le chemin de l’Université. Elles furent admises par des professeurs de Saint-Pétersbourg qui, en 1861, malgré la désapprobation du gouvernement, ouvraient