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le féminisme

Suivant d’anciennes institutions, la femme russe exerçait et exerce encore le suffrage administratif. Dans les campagnes, elle l’obtient lorsqu’elle est chef de famille. Comme tel, elle reçoit aussi sa part des terres labourables de la commune, dont le partage se fait annuellement.

Même, lorsque le mari est incapable ou indigne de gérer les affaires de la communauté, c’est à la femme que le maire de village attribue le champ auquel la famille a droit.

Dans les villes, les femmes propriétaires et contribuables sont électeurs pour les conseils municipaux. Elles votent par délégation.

Toute femme propriétaire et contribuable vote également par délégation pour les assemblées provinciales.

Conservant les libertés du passé, les femmes russes en ont cependant secoué les entraves. Le signal de leur émancipation intellectuelle leur vint d’en haut. Ce fut Pierre le Grand (1689-1725) qui décréta l’abolition des terems, immense bienfait pour les femmes qui n’avaient pu se développer librement dans leurs gynécées. Tristes victimes d’un régime absurde, n’avaient-elles pas souvent fini dans une dévotion exaltée, dans l’ivrognerie ou dans l’aliénation mentale ?


Mais si Pierre le Grand rendit les femmes russes à la vie du monde, il oublia de les préparer à cette émancipation. Et jetées sans éducation, sans instruction sérieuses dans leur existence nouvelle, au milieu d’hommes grossiers ou dissolus, elles ne savaient pas toujours faire un usage fort recommandable de leur liberté. Aussi une grande légèreté de mœurs