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bien connu, dit : no taxation without representation (point d’imposition sans représentation).

Le jeune Stuart Mill dut méditer cette réponse, car c’est cette argumentation qui, dans la suite, servit de base — de plate-forme, comme on dit en anglais — à son activité féministe.

Dans tous ses nombreux ouvrages, Mill a défendu les droits de la femme ; mais l’action décisive de cet homme généreux fut la campagne qu’il mena, de 1865 à 1869, au Parlement anglais en faveur du suffrage politique des femmes.

Mill était alors député de Westminster. — L’idée de l’émancipation des femmes avait, depuis 1792, fait de grands progrès dans le public anglais. — En 1866, une première Société pour le suffrage des femmes, fondée à Londres, adressa au Parlement une pétition portant 1,429 signatures, et demanda l’extension du suffrage politique aux femmes propriétaires et contribuables.

En 1867, John Stuart Mill, président de cette London national Society for Woman Suffrage, — qui comptait déjà 46 sociétés en province, — frappa le coup décisif. Une révision de la loi électorale anglaise étant proposée au Parlement, le 20 mai 1867, Mill demanda l’extension du suffrage politique à la catégorie de femmes que nous avons désignée plus haut.

Il dit textuellement : « Je n’entends pas proclamer que le suffrage politique est un droit abstrait… c’est de l’utilité que je tire mes arguments. Mais dans une large mesure l’utile est aussi l’équitable. Or, l’équité demande que nous ne refusions pas arbitrairement aux uns ce que, au même titre, nous accordons aux autres. »

Nous voilà loin des principes de Mary Wollstonecraft, et il faut insister sur le fait qu’à l’encontre des États-