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le féminisme

Partant des principes de la Révolution française, elle demanda, dans un langage hardi, toutes les réformes pratiques en matière d’éducation, de droit civil, pénal et public, que les féministes depuis ont essayé de réaliser dans la Grande-Bretagne.

À partir de la publication de la Vindication of the rights of Woman, l’Angleterre cultivée a discuté sans cesse l’émancipation intellectuelle, civile et politique de la femme.

Dans le premier tiers de ce siècle, un homme de génie, le poète Shelley, se prononça en faveur des idées féministes. Ainsi que M. Legouvé, il réclamait en première ligne pour la femme le droit au savoir.

En revanche, l’opinion anglaise, dans sa majorité, était alors hostile surtout à l’émancipation civile et politique des femmes.

Il est curieux de remarquer que cette majorité trouva son porte-parole dans l’historien James Mill, dont le fils, le célèbre John Stuart Mill, fut dans la suite le champion par excellence des droits des femmes.

James Mill, dans un article de l’Encyclopédie Britannique de 1824, exprima l’idée que les intérêts de la plupart des femmes se confondaient avec ceux de leurs pères, frères et maris, et que, pour cette raison, elles pouvaient se passer d’une représentation directe au Parlement.

L’article de James Mill reçut, en 1825, une réponse : l’Appel aux femmes (Appeal to women), par M. Thompson et Mrs. Wheeler.

Les auteurs de cet opuscule faisaient valoir qu’un certain nombre de femmes — chefs de famille et contribuables — dont aucun père, frère ni mari ne représentait les intérêts, avaient certainement le droit de réclamer le suffrage politique. Car un principe anglais