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le féminisme

était déjà bien plus gagné au féminisme. Dans un opuscule intitulé : L’Égale de l’homme, le brillant polémiste, en 1880, en réponse à l’Homme-Femme de Dumas, s’exprima en ces termes : « Aussi longtemps que le Code français maintiendra entre l’homme et la femme des inégalités que l’humanité, des inégalités que la nature ne justifient pas, les femmes seront fondées à revendiquer le droit de concourir à la réforme des lois iniques qui les abaissent, de lois enfin qui sont un anachronisme !

« Le jour où la femme sera légalement et législativement l’égale de l’homme, ce jour-là sera un grand jour pour l’humanité, sera un grand jour pour la civilisation.

« Les femmes électeurs et éligibles, ce serait l’avènement d’une politique plus haute, plus profonde et plus large, de moins en moins révolutionnaire, et de plus en plus sociale. »

Remarquons cependant qu’Émile de Girardin, dont la femme était pourtant écrivain comme lui, n’était pas partisan du travail professionnel des femmes. Il considérait « la maternité comme l’axe de la société ». Mais, nous venons de le voir, loin de vouloir enfermer la femme dans le foyer, il partait de son rôle d’épouse et de mère pour revendiquer pour elle le droit de s’occuper directement, activement, de toutes les questions politiques et sociales.

Est-ce le petit livre d’Émile de Girardin qui opéra la conversion de Dumas fils au féminisme ? En tout cas, celui-ci, faisant brusquement volte-face, écrivit : Les femmes qui tuent et les femmes qui votent, et proclama avec sa véhémence ordinaire que la femme était la victime de la société.

« Sacrifiée », dit-il aux hommes, « depuis des siècles