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le féminisme

tout économique de la femme, attiraient l’attention des législateurs, des philanthropes et du grand public sur la question féministe, qui devenait un des problèmes de l’époque. Citons parmi ces livres, l’Ouvrière, de Jules Simon ; La femme pauvre au xixe siècle par Julie Daubié ; La Mère, par Eugène Pelletan ; Le travail des femmes au xixe siècle, par Leroy-Beaulieu ; les écrits de Michelet, de Deschanel, etc. ; enfin, la lettre de Victor Hugo à M. Léon Richer, dans laquelle le célèbre écrivain s’exprimait comme il suit : « L’homme a sa loi, il se l’est faite à lui-même, la femme n’a pas d’autre loi que la loi de l’homme… l’homme fait verser tous les droits de son côté et tous les devoirs du côté de la femme. De là un trouble profond, de là la servitude de la femme… Une réforme est nécessaire. Elle se fera au profit de la civilisation, de la société et de l’humanité. »

Encouragées par les marques de sympathie venant des régions élevées de la pensée nationale, les féministes françaises fondèrent, en 1876, leur première société, sous le nom de Société pour l’amélioration du sort de la femme. Parmi ses fondatrices, nous voyons Maria Deraismes, Mme Griess-Traut, Mlle Hubertine Auclert, etc.

En 1878, les féministes françaises réunirent un premier Congrès, présidé par M. Léon Richer. Le grand public ne s’en occupa guère ; mais il y eut de vives et brillantes discussions qui attirèrent l’intérêt d’Émile de Girardin et d’Alexandre Dumas fils.

Ce dernier était à ce moment plutôt un adversaire du féminisme. Il n’était pas encore arrivé à se rendre compte de ce que la méchanceté, la perfidie, la ruse et le mensonge qu’il reprochait à la femme, n’étaient que ses représailles à l’égard de l’homme et d’une société qui lui avaient refusé ses droits. Émile de Girardin