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dissement, et ses nombreux amis lui ont élevé une statue à Pontoise, sa résidence d’été.

Maria Deraismes voyait son temps sous un triste jour. « Notre société », dit-elle, « est si sagement organisée qu’elle laisse toute l’action et l’influence à la femme de mauvaises mœurs et aucune à la femme de bien. Qu’une femme monte sur des tréteaux, qu’elle démoralise, qu’elle déprave, on lui fera des ovations. Mais qu’une femme monte sur une tribune pour parler morale et vertu, toutes les railleries tournent contre elle. »

Orateur née, Maria Deraismes résolut d’aborder quand même cette tribune qui l’attirait d’une force irrésistible. Elle le fit avec le concours de M. Léon Richer, qui, convaincu qu’un changement radical dans la situation de la femme devenait nécessaire, organisa des réunions dans lesquelles il céda la parole à Maria Deraismes.

La campagne féministe entreprise par Maria Deraismes à partir de 1869 devint d’autant plus nécessaire que la troisième République n’avait, pas plus que ses devancières, admis l’égalité civile et politique des sexes.

Les femmes pourtant ne se lassaient pas d’indiquer la voie au législateur. Ainsi une pétition adressée, dès 1871, à l’Assemblée nationale, demanda l’abrogation de 30 articles du Code. L’auteur de la pétition, Mme Amélie Bosquet, n’obtint pas gain de cause. Mais en 1874, lors de la discussion de la nouvelle loi électorale, M. Baudot, député de la droite, proposa de reconnaître, du moins indirectement, l’importance du rôle social de la femme, en attribuant deux votes à l’homme marié.

En attendant, de nombreux travaux sur le rôle sur-