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le féminisme

avec le socialisme. Deux tentatives infructueuses eurent lieu alors pour assurer aux femmes l’électorat politique. La première, faite en 1848 même, eut pour auteur Victor Considérant, le disciple de Fourier ; la seconde, en 1851, fut due à l’initiative du député socialiste Pierre Leroux.

D’ardentes socialistes, Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet, Rose Lacombe, Flore Tristan, fondèrent à cette époque des sociétés et des journaux féministes, intitulés : la Politique des femmes, l’Opinion, la Voix des femmes, etc.

Sociétés et journaux partagèrent le sort éphémère de la deuxième République : le coup d’État de 1851 arrêta à la fois le mouvement socialiste et le mouvement féministe. Plusieurs des femmes dont nous venons de citer les noms furent même exilées.

Bien que sous le second Empire les femmes aient eu une large place, les écrivains de l’époque n’admettaient guère l’égalité des sexes. Proudhon, dans son livre sur La Justice dans l’Église et dans la Révolution, de 1858, déclara que les chiffres 2 et 3 représentent la valeur respective de la femme et de l’homme.

Cette arrogance ne passa pas inaperçue : Proudhon reçut des réponses de la part de Jenny d’Héricourt, dans la Femme affranchie, de Juliette Lambert (Mme Adam), dans les Idées antiproudhoniennes. Et comme Proudhon avait dû partager le prix d’économie politique de l’Université de Lausanne avec une femme, Mme Clémence Royer, il était certainement mal placé pour affirmer l’infériorité du cerveau féminin.

Mais la féministe par excellence du second Empire est Maria Deraismes. Ses idées sont aujourd’hui représentées par sa sœur, Mme Féresse-Deraismes ; son nom a été donné récemment à l’une des rues du XVIIIe arron-