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le féminisme

pour une œuvre éminemment française : car la femme n’y fait certainement pas ce qu’il lui plaît. Nous indiquerons ici très rapidement les grandes lignes de la législation que le Code Napoléon impose à la femme : Tutelle légale du mari à l’égard de l’épouse ; l’épouse est même incapable d’obtenir de la part du mari une autorisation générale pour ceux des actes de la vie civile qu’elle ne peut accomplir de son propre chef ; dans toutes les questions intéressant la communauté, le droit de décision est du côté de l’homme.

Le régime légal est la communauté de biens, réduite cependant aux biens meubles. Le mari en a l’administration et la libre disposition. C’est à lui qu’appartiennent le salaire et l’épargne de la femme.

En cas d’adultère de la part de la femme, le meurtre que le mari commet sur elle est « excusable ».

La mère n’a aucun pouvoir légal sur les enfants. La femme ne peut être tutrice que de ses propres enfants. Aucune femme ne peut faire partie des conseils de famille.

Mère, hors mariage, la recherche de la paternité lui est interdite. — Aucune femme ne peut servir de témoin dans les actes de l’état civil[1].

Les femmes sont exclues de tous les droits du citoyen : elles ne sont électeurs et éligibles ni aux commissions administratives de l’Assistance publique[2], ni aux élections municipales ou politiques.

La Restauration de 1815 ne trouva rien à changer à la situation créée par le Code Napoléon à la femme. M. de Bonald proclama même pompeusement que « l’homme et la femme ne sont pas égaux et ne peuvent jamais le devenir ». Si le célèbre philosophe par égaux

  1. Cette disposition a été abolie en décembre 1897.
  2. Aujourd’hui elles le sont à Paris.