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le féminisme

d’interdire, dans l’intérêt de la tranquillité publique, les sociétés et les clubs de femmes.

Dans la séance où cette mesure fut discutée, le citoyen Amar déclara que la place de la femme est au foyer. Il n’y a pas d’assemblée législative du monde qui, le cas échéant, n’ait produit son Amar, voire même toute une tribu d’Amarites, usant et abusant de « la phrase du foyer » pour empêcher toute réforme dans la condition de la femme.

Dans la même séance de la Convention, le citoyen Charlier fit valoir que la femme était un être humain et qu’elle en avait les droits. Le citoyen Bazire, de son côté, conclut que l’exercice de ces droits nuisait à la tranquillité publique et qu’il y avait, par suite, lieu de le retirer aux femmes.

Il est heureux pour les hommes qu’on n’use pas à leur égard de la même argumentation : ce serait la fin du régime parlementaire.

Quoi qu’il en soit, les citoyens Amar et Bazire l’emportèrent : après le 9 brumaire, les clubs de femmes cessèrent d’exister. Les femmes, il est vrai, n’en continuèrent pas moins à prendre part aux émeutes et à se faire tuer pour une liberté, une égalité dont cependant on les excluait. Évidemment, elles avaient le feu sacré, l’enthousiasme désintéressé pour les grands principes de la Révolution française.

Le premier consul, puis empereur. Napoléon, ne fut pas précisément féministe : le Code, qui porte son nom, en fait foi. C’est la mise consciencieuse en paragraphes du mot que, pendant la discussion du nouveau recueil de lois, le consul prononça au Conseil d’État. « Il y a », dit-il, « une chose qui n’est pas française, c’est qu’une femme puisse faire ce qu’il lui plaît ».

À ce point de vue, le Code Napoléon doit passer