Page:Schirmacher - Le Feminisme.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
le féminisme

De 1789 à 1793, de nombreuses réunions de femmes, revendiquant l’égalité politique et civile des deux sexes, avaient lieu à Paris. Des sociétés féministes s’établirent sous les noms de Société des femmes républicaines et révolutionnaires, Amies de la Constitution, etc. Une femme, Mme Keralio, fonda un journal : Le journal de l’État et du Citoyen, qui avait une tendance nettement féministe.

Les chefs de la Révolution prirent parti ou pour ou contre le féminisme[1], qui trouva dans Condorcet un de ses champions les plus zélés. L’érudit et généreux secrétaire de l’Académie des sciences avait déjà réclamé le vote politique des femmes, en 1788, dans son Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales[2]. Il inséra cette même demande dans le projet d’une Constitution pour la République française qu’il avait été chargé de présenter à la Convention. Décrétée en juin 1793, cette Constitution proclama l’égalité de tous les citoyens, sans distinction de sexe. Mais elle n’entra jamais en vigueur.

Au contraire, une résolution de la Convention, du 9 brumaire de la même année, arrêta net le mouvement féministe en France ; les femmes révolutionnaires, les amies de la Constitution ayant été dans leurs réunions et leurs manifestations publiques tout aussi turbulentes que les hommes de l’époque, le Comité de la sûreté générale demanda à la Convention

  1. Nous signalons, à ce sujet, les conférences très applaudies de M. Léopold Lacour, à la Bodinière.
  2. Condorcet a fait école parmi ses contemporains : en 1792, Gottlieb Hippel, haut fonctionnaire prussien, ex-maire de Kœnigsberg, publia un ouvrage sur : l’Émancipation civile et politique des femmes, dans lequel il formule la même demande que Condorcet.