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mettrait de devenir une véritable puissance. La fondatrice, Mary Kenney, expliquait, en 1893, au Congrès féministe international de Chicago, les différentes raisons qui en entravent le développement. Comme elles sont les mêmes dans le monde entier, nous les reproduirons ici en détail.

Nos ouvrières, dit miss Kenney, considèrent le travail professionnel comme un simple épisode de leur vie, comme un stage qui précède le mariage. Elles ne font que passer dans leur profession, au lieu de s’y établir d’une façon durable.

Elles acceptent donc, d’ordinaire, facilement les conditions qu’on leur impose et ne songent pas qu’on puisse les changer.

D’autres s’émancipent par la pensée, mais, intimidées par les menaces de leurs patrons, renoncent à l’action et restent en dehors des syndicats professionnels.

D’autres encore, pleines de bonne volonté, voient leurs maigres salaires réduits par les chômages, et ne disposent pas des moyens financiers pour entrer dans un syndicat.

Enfin, les ouvrières n’étant pas électeurs, personne ne trouve son profit à sérieusement défendre leurs intérêts.

Malgré ces difficultés, la Fédération du travail poursuit le but de grouper dans une ligue nationale toutes les ouvrières des États-Unis. Elle fonde des organisations professionnelles locales chaque fois qu’elle trouve un groupe suffisamment nombreux de femmes engagées dans le même travail. Elle met à la tête de ces organisations locales des femmes d’expérience et de sang-froid, qui entretiennent des rapports réguliers avec le comité national.