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le féminisme

Genèse, y lut avec un trouble indicible que le mari doit être le maître de la femme.

Telle était sa conviction sur l’égalité des sexes, que Lucy Stone refusa de croire exacte la traduction du texte sacré, et qu’elle résolut d’apprendre l’hébreu et le grec pour étudier la Bible originale.

Lorsqu’elle s’en ouvrit à son père et lui exprima le désir d’être envoyée à un college, celui-ci s’écria qu’elle était folle (crazy). Lucy résolut alors de gagner seule l’argent dont elle avait besoin pour exécuter son projet. Elle donna des leçons, vendit des fruits, et, en 1843, à l’âge de vingt-cinq ans, elle posséda, grâce à sa volonté tenace, assez d’argent pour demander son admission à Oberlin College, la première « Université »[1] américaine ouverte aux femmes.

Ses moyens étant limités, elle se fît, à Oberlin, répétitrice en même temps qu’étudiante et s’y chargea, en outre, de certains travaux domestiques, Oberlin étant un internat.

Elle vivait en grande partie de pain et de pommes, ne dépensant pas plus de 2 fr. 50 par semaine. Elle n’en gardait pas moins ses belles couleurs de campagnarde et termina ses études en obtenant le diplôme de bachelor of Arts (bachelier ès lettres) d’Oberlin College.

En quittant Oberlin en 1847, elle s’enrôla dans le parti antiesclavagiste et fut une des premières femmes qui osèrent aborder la tribune, où elle plaida avec chaleur la cause des deux émancipations : celle du nègre et celle de la femme.

Des caractères aussi bien trempés que Lucy Stone,

  1. Voir p. 16.