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le féminisme

Rentrant à l’hôtel, après une de ces séances, Elizabeth Cady-Stanton dit à Lucretia Mott, sa compagne : « Dès notre retour en Amérique, il faudra réunir une assemblée pour discuter l’esclavage de la femme » (The slavery of woman).

Elle avait acquis la conviction que toutes les incapacités civiles de la femme avaient pour source son incapacité politique.

Ainsi, dès le début, le féminisme américain prit un caractère politique, fut un mouvement suffragiste, pour employer un néologisme commode.

Elizabeth Cady-Stanton et Lucretia Mott exécutèrent leur projet sans tarder. Organisant d’abord des réunions privées, puis publiques, elles arrivèrent bientôt à attirer des auditoires nombreux, à s’assurer le concours d’une partie de la presse et à intéresser l’opinion en leur faveur.

On discutait maintenant aux États-Unis, non seulement l’émancipation de l’homme noir, mais encore celle de la femme blanche.

Sur ces entrefaites, arrivèrent aux premières féministes des recrues nouvelles. Une des physionomies les plus intéressantes parmi celles-ci est Lucy Stone. Pour cette raison, nous entrerons, à son sujet, dans quelques détails biographiques.

Née en 1818, fille d’un cultivateur, d’un farmer, elle vécut de la vie rude des champs, s’endurcit à la fatigue et acquit une force physique qui devait la servir plus tard. Petite fille, elle étonna et déconcerta sa mère en lui demandant pourquoi les femmes étaient tenues par les hommes dans un état de subordination. La mère, en épouse chrétienne, répondit par des citations bibliques.

L’enfant, se plongeant alors dans la lecture de la