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le féminisme

livre d’une femme, la Case de l’Oncle Tom, de Harriett Beecher-Stowe, qui, en 1852, par ses descriptions navrantes de la vie des noirs, rendit sympathique au monde civilisé entier la cause des nègres aux États-Unis.

Les Américaines qui, même avant Harriett Beecher-Stowe, luttaient pour l’abolition de l’esclavage, étaient la quakeresse Lucretia Mott, femme d’un esprit très net, douée d’une rare éloquence ; Elizabeth Cady-Stanton aujourd’hui la doyenne des féministes américaines ; Elizabeth Pease, la femme du célèbre député et orateur Wendell Philipps ; Susan B. Anthony, etc.

Lorsqu’en 1840 un Congrès international pour l’abolition de l’esclavage se réunit à Londres, les trois premières de ces femmes, accompagnées de leurs maris et des amis de leur cause, s’y rendirent comme déléguées de la National Women’s antislavery Convention.

Une grande humiliation les attendait. Le clergé, qui dirigeait le mouvement contre l’esclavage en Angleterre, fit déclarer par le Congrès que les Américaines, étant, comme femmes, des incapables en politique, des mineures devant la loi civile, ne seraient pas admises comme déléguées et ne siégeraient pas dans la salle de délibération. On les accepta seulement comme de simples auditrices, dans les galeries.

Les hommes qui demandèrent l’admission des femmes dans la salle du Congrès furent une minorité.

L’un d’eux, l’Américain William Lloyd Garrisson, protesta contre l’exclusion de ses généreuses compatriotes, en refusant à son tour de siéger dans la salle.

Pendant douze jours, la durée du Congrès, il assista, de la galerie et en silence, aux discussions qui cependant lui avaient fait entreprendre un voyage de plusieurs milliers de lieues.